« 22 ans passés à offenser tout le monde dans l’industrie du disque et la presse », voilà comment Tobias Sammet résume avec son sens de l’humour légendaire la carrière d’Edguy. Edguy qui est resté cette bande de gosses, rassemblés pour s’éclater « sans limites et sans frontières », parce que c’est ça le heavy metal ! Et c’est bien là la base de cette chanson loufoque dénommée « Space Police », qui évoque un sujet bien tangible, celui d’exercer dans un domaine avec la plus grande des libertés, sans avoir une police qui soit là pour te dicter des règles ou ce que tu dois ou ne dois pas faire. Un travers dans lequel le monde du metal, genre musical pourtant rebelle voire même libre par excellence, tombe parfois (souvent ?). Mais voilà, cette liberté Edguy l’a acquise contre vents et marées et y tient plus que tout, plus que le succès et c’est cet état d’esprit que l’on retrouve dans ce nouvel album, Space Police: Defenders Of The Crown. Un album qui se permet diverses incartades et drôleries sous la bannière du style que le groupe s’est forgé à travers les années.
Tout ceci on en parle avec ce très bon client des interviews qu’est le leader du groupe Tobias Sammet, avec lequel on prend toujours beaucoup de plaisir à bavarder et décortiquer ses albums, en particulier celui-ci.
Radio Metal : A propos de ce nouvel album, tu as déclaré t’être « concentré sur ce qui rendait ce groupe unique. » Alors plus précisément, qu’est-ce qui rend Edguy unique selon toi et sur quoi t’es-tu concentré ?
Tobias Sammet (chant) : Euh, ce qui rend Edguy unique ? Je ne sais pas, c’est vraiment difficile à expliquer. Tous ceux qui ont vu le groupe en concert, tous ceux qui ont écouté nos différents albums savent ce qui rend ce groupe unique. Et je suis sûr que les gens du label sont en train de se casser la tête sur ce qui rend ce groupe unique parce que c’est toujours difficile pour eux de mettre une étiquette sur notre musique. C’est du genre : « Est-ce que c’est du power metal ? Ouais. Est-ce que c’est du hard rock ? Oui ! Est-ce que ce sont des ballades ? Oui ! Est-ce que c’est du speed metal ? Oui. Est-ce que c’est épique ? Oui. Est-ce que c’est ironique et amusant par moment ? Oui. » Nous sommes vraiment toutes ces choses qui font qu’il est difficile de mettre une étiquette sur un groupe. Et je pense que s’il y a bien une chose que nous avons réussi à faire au long de ces 22 ans c’est que nous sommes Edguy : nous sommes un groupe qu’il est vraiment difficile de mettre dans une case, c’est difficile de nous coller une étiquette. Nous sommes un groupe de power metal, tu vois ? Si les gens comprennent ce qu’est vraiment le power metal. Nous sommes un groupe de hard rock et un groupe de heavy metal et un groupe de speed metal. Nous sommes tout ça. Nous sommes Edguy. Donc c’est le fait qu’il soit impossible de nous mettre dans une case qui rend ce groupe unique. Et en même temps, nos fans savent exactement ce qu’ils peuvent attendre d’Edguy et pourtant nous ne sommes pas prévisibles à 100%. Je suis sûr que tous les fans d’Edguy savent ce qui rend ce groupe unique et les autres… Eh bien nous n’en avons pas grand-chose à faire des autres ! [Rires]
Comment vous êtes-vous retrouvés avec l’hymne space rock du nom de « Space Police » ? Vouliez-vous proposer quelque chose dans la veine d’Arjen Lucassen qui est un grand fan de l’espace et des vieux trucs de science-fiction ?
Non, le truc c’est que l’espace laisse simplement beaucoup de place à l’imagination. L’espace, pour moi, c’est un lieu illimité de… euh d’espace ! [Rires] L’infini, on se tourne vers quelque chose d’immense ; plus large qu’on puisse imaginer, plus loin qu’on puisse l’imaginer, plus profond qu’on puisse l’imaginer. C’est un endroit sans règles, sans gravité, sans trucs qui se font ou qui ne se font pas, c’est un endroit où tu peux complètement te lâcher et laisser l’imagination te guider. Et en fait la chanson « Space Police » parle de quelqu’un qui débute dans des domaines où il n’y a pas de frontières et pas de limites ; tout comme un jeune musicien qui s’intéresse au heavy metal parce qu’il veut faire les choses à sa manière et veut s’échapper pour vivre sa vie sans limites et sans frontières. C’est ce que veulent les jeunes musiciens de heavy metal. Et puis tout d’un coup tu enregistres ton troisième album et les gens commencent à avoir certaines attentes, ou commencent à te dire ce qu’ils pensent que tu devrais faire. Et ça n’a aucun sens à mes yeux, c’est vraiment un paradoxe parce qu’on devient un musicien rock ou heavy metal car on ne veut suivre aucune règle et jouer selon aucune règle. Donc c’est de ça que parle « Space Police » : ça parle de ces gens qui essaient de te dire quoi faire dans un environnement où personne ne devrait te dire quoi faire. C’est comme l’espace ; c’est un lieu sans règles, sans consignes. C’est totalement ouvert à ta propre interprétation. J’aime bien Arjen Lucassen mais ce n’est pas vraiment [NDT : ce qu’il y a derrière la chanson]… La chanson en elle-même joue avec les mots et ces connotations à l’espace et à la science-fiction mais en fait le message derrière cette chanson est très très ancré dans l’actualité et la réalité terrienne.
T’es-tu servi d’un livre ou d’un film de science-fiction en particulier pour t’inspirer lorsque tu écrivais cette chanson ?
Non. Non, je veux dire que je n’ai pas besoin de livres de science-fiction. Evidemment il y en a que j’aime beaucoup, comme les vieux films de science-fiction japonais des années soixante, comme « Les Ovnis Détruisent La Terre », [rires] ce qui est un excellent titre parce que ça dit absolument tout à propos du film en lui-même [rires]. Donc des trucs comme ça mais je ne suis pas vraiment hyper fan de science-fiction. J’aime simplement utiliser ma propre imagination. Je veux dire qu’il me suffit de regarder les étoiles et d’essayer de comprendre la profondeur de l’espace, l’infini et l’éternité de l’espace pour vraiment saisir mon imagination. Il me suffit de regarder les étoiles et de comprendre ce qu’il y a là-bas, et pourquoi, et ce que ça ferait d’être là-bas. Je pense que c’est vraiment tout ce dont tu as besoin pour pondre des paroles comme celles de « Space Police ».
Comment t’es-tu retrouvé à faire ces effets de voix timbrés à la fin de la chanson ?
[Rires] C’était très spontané ! J’étais tout simplement là dans la salle d’enregistrement et Sascha, le producteur, était de l’autre côté de la table de mixage dans la pièce d’à côté. Il me regardait à travers la vitre quand ce long passage instrumental est passé et j’ai fait ça : [chante] « Space Police » ce chant très atmosphérique. Ensuite il y avait ce passage sans paroles mais j’avais le sentiment que je devais ajouter quelque chose, quelque chose de spécial, ou quelques paroles. Evidemment, qu’est-ce qu’un chanteur de heavy metal pourrait faire ? Il se mettrait à chanter « yeaaah » comme nous le faisons à chaque fois. Mais je me suis dit « non, ça n’irait pas avec la chanson, il faut que ce soit quelque chose de plus dingue, quelque chose de plus barré. » Donc c’était vraiment spontané, je n’ai même pas fait d’essai. Le morceau jouait et je me suis tout simplement mis à faire des sons, ce genre d’effets spéciaux avec ma bouche et nous nous sommes beaucoup amusés à faire ça ! Nous nous somme dis « Ok, ajoutons-en encore quelques-uns et gardons les sur l’album » parce ce que c’est dingue mais le heavy metal c’est ça : il faut que ce soit dingue et que ce soit bizarre et par moment imprévisible et étrange. Pour moi ça sonnait plus comme quelque chose de Frank Zappa, Arthur Brown ou David Bowie, digne des trucs d’art-rock des années 70, mais j’ai bien aimé ! [Rires] C’est dingue mais c’est cool !
Sur l’album il y a une reprise du classique « Rock Me Amadeus » de FALCO. Comment t’es venue l’idée de faire une reprise de cette chanson ?
Je suis un fan de Falco depuis 1985 je crois, ou 86, quand c’est passé pour la première fois sur la télé Allemande. J’aimais beaucoup ce mec, il avait du charisme, de la personnalité, c’était une chanson géniale et j’étais un grand fan. A la base nous voulions faire une reprise de « Der Kommissar », le précédent single de Falco mais Sascha, notre producteur, nous a dit « Pourquoi ne feriez-vous pas « Rock Me Amadeus » ? C’est plus mégalo, plus ironique, c’est davantage un hymne et ça résume assez bien ce qu’est Edguy. C’est un morceau parfait pour Edguy et je ne peux pas imaginer un meilleur groupe pour faire une reprise de cette chanson. » Alors nous avons dit « Ok, nous allons essayer, nous allons essayer Rock Me Amadeus » et ça a marché ! [Rires] Nous avons essayé de rester aussi proches que possible de l’original. Dans le refrain nous avons ajouté quelques guitares heavy et l’avons rendu un peu plus épique pour en faire un vrai hymne rock mais pour ce qui est des couplets il s’agit d’une chanson de rap et nous avons essayé de garder l’esprit d’origine de la chanson. C’est absolument une chanson qui allait nous attirer beaucoup de critiques, particulièrement en Allemagne, parce que c’est bizarre pour le public Allemand d’entendre un groupe qui chante en Anglais chanter une chanson Allemande. Mais tu devrais toujours faire ce qui te semble bon et jamais ce à quoi les gens s’attendent. Nous savions que nous allions recevoir des critiques pour cette chanson par quelques personnes mais ça n’avait pas une grande importance pour nous. Nous sommes ce que nous sommes et nous pouvons tout faire. Le label voulait que nous retirions la chanson de l’album mais nous avons dit « Non, c’est un morceau de l’album et ce ne sera pas non plus le dernier morceau de l’album, il viendra en sixième position. Nous laissons ce morceau sur l’album parce que nous pensons vraiment que c’est un bon morceau d’Edguy. » C’est marrant, je suis à Paris maintenant au Hard Rock Café et il y a un bus plein de touristes juste à côté de moi qui me regardent. Coucou !
[Rires]
Je leur fait signe avec la main, c’est vraiment… ouais bref.
[Rires] Ouais, ils se demandent probablement qui est ce mec qui leur fait coucou.
Non, ils se disent « Mais que fait cette célèbre rockstar au Hard Rock Café à Paris ? » !
[Rires] Ouais, probablement. Puisqu’on parle de cette chanson de Falco, est-ce que tu te sentais proche des refrains entrainants, du sens de l’humour ou peut-être encore de ces claviers kitchs qu’on peut entendre ?
Ouais, ouais absolument. Je veux dire qu’à l’époque les claviers n’étaient pas kitchs. Nous devons nous rappeler qu’il s’agit de 1985 et qu’à l’époque c’était à la pointe de la technologie, parce que c’était tout analogique. Tu sais, je suis un grand fan de cette époque, un grand fan de Falco et je suis un grand fan de cette chanson en particulier. En fait c’est à travers cette chanson que j’ai découvert Falco. C’est tellement difficile d’en faire une reprise au niveau du chant mais nous aimions vraiment beaucoup la version originale et c’est pour ça que nous ne voulions pas changer la personnalité de la chanson. Nous voulions simplement faire en sorte que ce soit notre chanson mais nous voulions y ajouter notre touche sans ruiner la magie de l’original. C’est pour ça que nous sommes restés assez proches des sons au clavier d’origine, des chants et tout ça.
D’ailleurs, avec ce mélange de rap et de rock, votre version de cette chanson fait vraiment penser à Faith No More de l’époque The Real Thing. C’est un groupe que tu apprécies ?
C’est vraiment marrant parce que ça fait tellement longtemps que je n’ai pas entendu de gens nous comparer à Faith No More jusqu’à ce que je vienne en France ! Hier quelqu’un m’a dit la même chose. J’aime bien le groupe : j’ai l’album qui contient la chanson « Epic ». Mais ouais, j’aime bien le groupe, mais ce n’était vraiment pas voulu. J’aime Falco beaucoup plus que Faith No More. [Rires]
Il y a ce chant assez étrange à la fin de « Space Police » et tu rappes sur « Rock Me Amadeus ». Voulais-tu tester ta voix sur différents registres au long de cet album ?
Non. Non, je n’ai jamais compris les gens qui pensent que la musique puisse être le vecteur de la performance. Pour moi ça a toujours été l’inverse. Je veux dire que la performance devrait se mettre au service de la chanson ; ce n’est pas la chanson qui doit se mettre au service de la performance. Donc je pense que je suis devenu un chanteur plutôt expérimenté et je suis très content et fier du nouvel album ; J’ai fait des trucs extrêmement heavy sur la chanson d’ouverture « Sabre & Torch », et ensuite il y a du classique, je dirais du chant power metal à l’ancienne sur des trucs comme « Defenders Of The Crown » et il y a des trucs plus soul sur « The Eternal Wayfarer » et aussi sur « Alone In Myself », la ballade. C’est vraiment génial de pouvoir faire tous ces trucs et d’explorer les limites de ta voix mais je n’ai pas fait ça parce que je voulais explorer ma voix, c’était plus que je voulais donner à la chanson ce dont elle avait besoin. Ouais, c’est plutôt ça.
« Love Tyger » fait aussi beaucoup penser à une sorte de glam metal. Dirais-tu que tu aurais particulièrement aimé écrire de la musique dans les années 80 ?
Hum, eh bien tu sais j’aime beaucoup la musique des années 80, c’est un fait. Mais j’aime bien la musique des années 70 aussi, je pense qu’il s’agit là des périodes les plus créatives pour ce type de musique dont l’instrument principal est la guitare : la fin des années 60, les années 70 et les années 80. Je suis un gamin des années 80. Je suis né en 1975 alors vers la fin des années 80 c’était ma période de découvertes en tant que fan de musique. Quand j’avais 10 ou 12 ans j’ai eu mon premier CD, c’était une période très excitante alors cette période aura toujours une place spéciale dans mon cœur. Mais ce n’est pas comme si je voulais échanger ma vie avec quoi que ce soit. Je ne regrette pas de ne pas être né 10 ans plus tôt, pas plus que je regrette de ne pas être le Pape ou l’Empereur de Chine ou quoi que ce soit d’autre [rires]. Tu sais, je ne voudrais échanger ma vie avec celle de personne d’autre, je suis juste heureux d’être la personne que je suis et de l’époque où je suis né. Bon, ça peut sembler arrogant mais ça montre à quel point je suis heureux. Je ne veux tout simplement être personne d’autre que moi, je suis très heureux d’être moi-même [rires], dans mon temps.
Cet album va dans toutes les directions, avec un hymne space rock, une chanson glam, la reprise d’une chanson marrante des années 80, une chanson épique de 8 minutes, etc. Dirais-tu que c’est un risque que seul Edguy peut prendre et que n’importe quel autre groupe essayant de faire la même chose passerait pour étrange ou incohérent ?
Ouais ! Exactement ! Je veux dire, je ne sais pas s’il n’y a qu’Edguy qui puisse faire ça mais je pense que c’est quelque chose que nous avons accompli au cours du temps. Nous avons toujours fait les choses à notre manière au cours de nos 22 années de carrière. Nous avons toujours fait les choses en lesquelles nous croyions sans nous soucier de ce que les autres pouvaient penser. Même au sein de l’industrie du disque les gens nous disaient « vous ne pouvez pas faire-ci, vous ne devez pas faire ça, vous devez faire ceci, vous devez parler ou vous habiller de telle ou telle façon… » Les gens ont toujours essayé de s’immiscer mais nous ne les avons jamais écouté. Nous n’avons probablement pas eu autant de succès que nous aurions pu si nous avions eu cette image précise et adaptée au marché mais ce que nous avons accompli : c’est que nous avons obtenu l’ultime liberté de création. Et de nos jours, comme je l’ai dit au début de notre conversation, Edguy revendique vraiment ce droit, et les fans attendent de nous que nous fassions quelque chose à laquelle on ne s’attende pas vraiment. Ils savent reconnaître le son du groupe et je pense que le nouvel album ne fait pas figure d’exception. Je veux dire que les gens vont immédiatement entendre que c’est le même groupe qui a fait Age Of The Joker et Mandrake et tous ces albums. Mais ce disque apporte une certaine fraîcheur ; c’est du Edguy tout craché et personne d’autre n’oserait faire quelque chose comme ça parce qu’ils… Je ne veux pas dire du mal d’autres groupes mais je pense que beaucoup de groupes sont trop occupés à jouer un rôle et à rentrer dans une case en essayant de construire une image. Avoir un rapport avec la sorcellerie ou avoir un rapport avec la guerre, et tout le monde est libre de faire comme il le sent mais nous n’avons absolument pas cette image-là. Nous avons l’image d’être nous-mêmes, et c’est ça l’esprit du heavy metal selon moi. Soyez vous-mêmes ! Ne laissez pas une image devenir plus importante qu’un groupe ; faites en sorte que le groupe soit plus important que n’importe quelle image. Je crois que c’est ce que nous avons accompli, et j’en suis très fier. C’était beaucoup de travail : ça a demandé 22 ans passés à offenser tout le monde dans l’industrie du disque et la presse, partout [rires]. 22 années de durs combats pour essayer de faire les choses à notre façon mais au final ça valait vraiment le coup parce que nous sommes désormais un groupe libre. Nous ne sommes pas des esclaves. Peut-être que nous n’avons pas autant de succès que Metallica ou les Rolling Stones mais nous sommes un groupe libre et quand nous allons sur scène nous faisons passer un bon moment à l’audience selon nos termes. Nous ne sommes pas les esclaves d’une image.
Penses-tu qu’Edguy peut aller dans toutes les directions et toujours faire en sorte que ça rende bien parce que vous faites ce qui vous plait sans vous soucier de quoi que ce soit d’autre ?
Eh bien c’est une question difficile : est-ce grâce à ça ou malgré ça ? Je ne sais pas. J’ai tendance à penser que les gens apprécient notre honnêteté et ils apprécient le fait que nous n’avons pas d’image artificielle et je pense que c’est ça notre secret. Je crois que les gens savent vraiment quand on se fout de leur gueule ou pas et ils savent que nous ne nous foutons pas de leur gueule. Je veux dire que ce que tu vois est ce que tu obtiens et ce que tu obtiens est vraiment ce à quoi tu t’attendais. Tu obtiens quelque chose d’honnête et c’est la chose la plus précieuse que tu puisses offrir à quelqu’un donc je pense que certaines personnes ont vraiment conscience de ça.
La dernière fois que nous nous sommes parlés il y a un an, tu as dit « Edguy est quelque chose que j’aime faire mais il est entendu qu’il y a une part de routine dans ce que je fais avec Edguy. […] Et Avantasia est la clef pour s’échapper de cette routine et rendre le travail sur Edguy plus excitant. » Ce type d’album, avec toutes ses chansons différentes et amusantes, pourrait-il aussi être une façon de rompre la routine avec Edguy ?
Eh bien je ne sais pas. C’est résolument bien d’avoir les deux. Parce qu’il y a deux choses que tu aimes faire et une fois que tu as fini de travailler sur l’une des deux, tu retournes travailler sur l’autre. C’est comme l’hiver et le printemps. Si tu te tapais un hiver de 5 ans je pense que tu finirais par t’ennuyer. Il y a de très fortes chances pour que tu t’ennuies vraiment. Mais après un été chaud c’est génial d’aller skier et après être allé skier c’est génial de s’étendre sous le soleil et d’aller à la plage. Je ne voudrais pas passer pour un de ces types qui ne jurent que par le Ying et le Yang mais c’est vraiment super d’avoir cet équilibre et d’avoir la possibilité de changer de bord lorsque l’une de deux choses devient trop prenante, afin de se concentrer sur la deuxième. Et c’est génial. Ça fait du bien d’avoir ces deux choses et ces deux projets qui sont tous les deux très chers à mon cœur.
Malgré tout, cet album possède quelques chansons dans le style classique d’Edguy. Est-ce important pour toi de ne pas perdre ce style de vue ?
Eh bien je ne sais pas, en fait nous n’avons pas vraiment réfléchit au nouvel album. Je veux dire que nous avons simplement fait l’album et nous l’avons fait dans un intervalle de temps très court. Nous avons écrit l’album en une dizaine de semaines et nous l’avons enregistré pendant dix autres semaines. Donc nous n’avons pas vraiment eu le temps de le remettre en cause, de se poser trop de questions ou de réfléchir un peu trop à la direction dans laquelle nous voulions aller. Je pense que toutes les chansons prouvent ce qu’est l’ADN d’Edguy. C’est du contenu très naturel que nous avons construit de façon très instinctive et tout ça s’est fait d’une façon très naturelle. Le fait que ça donne du Edguy typique prouve qu’Edguy a un son très particulier. [Rires]
Tu sembles être un de ces artistes qui passent beaucoup de temps sur ses albums, qu’il s’agisse d’Edguy ou d’Avantasia. Ne penses-tu pas que c’est parfois en vain quand on prend compte du contexte actuel de la musique et de la façon dont les gens la consomment ?
Tu peux voir les choses de cette façon mais il faut toujours se souvenir que si tu joues de la musique c’est d’abord pour toi. Sinon ça n’a aucun sens. Tu dois te satisfaire de ce que tu fais. Si je jouais de la musique seulement pour les autres dans le but de la vendre, ce serait en vain si les ventes chutent. Mais si tu fais ça pour toi-même, c’est quelque chose que tu ferais de toutes les façons, et peu importe ce que tu vends. Que tu vendes 10 000 copies, 100 000 copies ou 500 000 copies ne changera rien parce que tu recherches d’abord à satisfaire tes propres aspirations. Evidemment ça fait une différence sur ton compte en banque, mais ce n’est pas la raison pour laquelle nous avons commencé à la base. Sérieusement, si les gens disent qu’ils font un album pour les fans et qu’ensuite la moitié des fans décident de ne pas l’acheter, je me demanderais « Pourquoi j’ai fait ça ? » mais si tu fais un album pour toi-même, dans ce cas tu n’as rien à perdre. Je veux dire que si tu le fais pour toi-même et si le plus de gens possible partagent ton opinion et apprécient l’album, ils l’achèteront, alors je pense que c’est la meilleure approche.
Des nouvelles d’Avantasia ? As-tu des idées pour la suite de The Mystery Of Time ?
Eh bien il y a quelques idées mais tu vois je ne me suis pas vraiment penché là-dessus. Je veux dire que nous avons enregistré quelques démos à l’époque où nous travaillions sur The Mystery Of Time pour le second volet de The Mystery Of Time mais ça prend la poussière depuis que nous avons quitté le studio pour cet album. Donc je n’y ai pas jeté un coup d’œil et ne les ai pas écoutées depuis à peu près un an je dirais, et ça restera ainsi pour encore une année voire deux ou trois… je ne suis pas très fixé. Il y aura une suite à The Mystery Of Time mais pour l’instant je n’y pense pas, parce que tu dois toujours te concentrer sur une chose à la fois. Comme je le dit toujours, je veux être avec Edguy en cet instant et je ne veux pas gaspiller mon énergie à penser à quelque chose qui se situe aussi loin dans le futur.
Interview réalisée le 21 mars 2014 par Metal’O Phil. Radio métal
Question et Introduction : Spaceman.
Retranscription et Traduction : Natacha.
Crédits photos : Alex Kuehr.
Album Space Police: Defenders Of The Crown, sortie le 18 avril 2014 chez Nuclear Blast Records.