Live ReportEurope : fontaine de jouvence et de plaisir Europe en concert c’est incontestablement une valeur sûre. Voilà bientôt dix ans que les Suédois ont repris le chemin des tournées et des studios. Dix années d’affirmation : Europe est un groupe qui a le vent en poupe. Rafraîchissant, nostalgique, neuf, un show d’Europe est un véritable voyage temporel, touchant un public hétéroclite et de tous âges.
Ce fut d’ailleurs le premier constat observé à peine entré dans l’enceinte du Transbordeur de Villeurbanne. Moyenne d’âge : 40 ans environ. Europe, au même titre que des Scorpions, AC/DC ou autres Metallica, a réussi avec son retour en 2003 à souder une cohésion entre son premier public et cette nouvelle génération de metalheads. Mais, paradoxalement, ce n’est pas cette nouvelle génération qu’il faut amadouer tant celle-ci est déjà acquise toute entière à la cause du groupe. Non, depuis prés de dix ans, Europe réinvente sa musique bluffant un public majoritairement attirés en 1986 par le hit international qu’est « The Final Countdown ».
Ce que certains et certaines nomment le « classical line-up » a frappé fort en ce mercredi 14 novembre pour sa dernière date française. Du hit, de la découverte et un impressionnant show autant d’un point de vue visuel, scénique que musical, bien entendu. Au sortir de la salle, on entendait nombre de réactions toutes plus positives les unes que les autres. Indéniablement, Europe ne connaît pas la crise.
Artistes : Europe - Stone Rider
Date : 14 novembre 2012
Salle : Transbordeur
Ville : Villeurbannne
Stone Rider : comme un air de vieux rock seventies.
Alors que le Transbordeur est dans sa configuration maximale, le public, en ce début de soirée, n’est pas des plus nombreux. Tout du moins dans la fosse, les gradins étant un peu plus investis. Une foule sage attendant le début des hostilités. 20 heures pétantes et voilà l’entrée en scène des Américains de Stone Rider. Le trio monte sur scène avec une totale sobriété : aucune introduction, aucun sample, ni même un salut à la foule. Le combo semble vouloir imposer le primitivisme intrinsèque au Rock’N'Roll. Simple et efficace… du moins sur le papier.
En effet, la performance du groupe est plutôt anecdotique et, in fine, en deçà des attentes initiales de la foule pour une telle tête d’affiche qu’est Europe. Le public accueille poliment le groupe. Ayant sorti en 2008 un premier album, Three Legs Of Trouble, de hard 70′s teinté de stoner diablement jouissif, le groupe se sera malheureusement concentré sur son second et tout nouvel opus moins pêchu et nettement plus blues-rock, avec quelques appels du pied au psychédélisme des 60′s. De plus, la guitare de Matt Taner (occupant aussi le poste de chanteur) est sous-mixée, la rendant fade et véritablement audible uniquement sur les quelques riffs bien crasseux ou quelques solos qui, pour le coup, sont parfaitement maîtrisés.
Stone Rider : ça cogne dur derrière.
Quarante minutes de concert en demie teinte donc. Un frontman au look proche d’un Robert Plant ou d’un Ozzy Osbourne vieille époque et qui semble tout aussi « perché » que purent l’être à l’époque ces deux monstres du Rock. Champ Champagne à la basse, semblable à un bûcheron canadien, saute sur scène tout en assurant un groove ne bougeant pas d’un iota. Session rythmique complétée par Jason Krutzky à la batterie qui tape comme un batteur de stoner : fort ! Mais cela ne suffit pas. L’esprit crasseux des compositions n’est pas forcément en phase avec le heavy surproduit des 80′s que certains peuvent attendre – en grande partie à tort – de cette soirée. Pourtant, dans les faits, la musique du combo américain est cohérente avec les riffs quasi stoner, bluesy en tout cas, qui jonchent les derniers opus d’Europe et permettent de comprendre la présence de ces premiers à l’affiche. Stone Rider a finalement offert un concert maîtrisé mais difficilement assimilable. Une performance qui n’a pas marqué les esprits d’une foule enfin dense. Oui, la tête d’affiche est attendue. Indéniablement, première partie ou non, le public est venu pour se délecter du show des Suédois.
Europe : Joey Tempest, un frontman qui a la classe.
C’est parti pour le voyage temporel. Mic Michaeli va s’installer derrière ses nombreux claviers, les lumières s’abaissent sur la scène propageant une atmosphère assez froide. Des samples mélangeant musique électronique et classiques du hard-rock (notamment le « Good Times, Bad Times » de Led Zep) créent un réel effet de surprise chez les auditeurs un peu désarmés par ce contraste musical. La bande arrive au complet sur scène et entame tambour battant son show. Triplette foudroyante composée de « Riches To Rags », « Not Supposed To Sing The Blues » et « Firebox » – ouvrant tous trois le dernier opus du combo, Bags Of Bones – fait sauter le public, du moins une partie. Une scission au sein de l’audience s’observe alors entre ceux qui ont suivi le groupe dans sa nouvelle jeunesse et ceux qui sont venu voir un revival 80′s. Faut-il vous préciser laquelle des deux parties aura le plus bouger durant le show ?
Le premier classique d’Europe pointe enfin le bout de son nez. « Superstitious » issu de l’album Out Of This World retourne les premiers rangs qui chantent à gorge déployée (ou presque) et en chœur. Joey Tempest – showman sans égal – fait d’ailleurs preuve d’une justesse vocale déconcertante posant par instant le doute du playback. De leur côté, John Norum (guitare) et John Levén (basse) imposent une belle présence sans forcément être aussi vifs que Tempest. Le charisme et le professionnalisme du groupe étant largement ses ailes sur scène rendant déjà le show profondément captivant en tout juste vingt minutes. « Scream Of Anger » emboîte le pas à « Supertitious » et fait exploser les plus friands de heavy. Extrait de Wings Of Tomorrow, ce titre sonne avec lourdeur, offrant une autre dimension à l’aspect heavy/speed metal d’origine. Un morceau ayant traversé les années et qui, ainsi mis au goût du jour, est symbolique de la musique du groupe aujourd’hui : évoluée et rajeunie.
Une corde cassée ? Appelez Joey Tempest !
La très mélodieuse « No Stone Unturned », « New Love In Town » (dont l’intro semble auto-plagiée sur celle de « Carrie ») et l’efficace « Demon Head » clôturent cette première partie du concert. Ce dernier étant divisé en quatre parties. La seconde partie offrira au public un petit set acoustique entamé par John Norum seul à la guitare électro-acoustique et au micro pour une délectable reprise de « The World Keep On Turning » de Fleetwood Mac. Le guitariste, grand amoureux de blues, démontre son talent et son savoir-faire musical. Depuis le début du concert, aucune fausse note n’a eu à être déplorée et chaque solo reproduit à la perfection. Et ce ne sont pas les quelques pépins techniques qui viendront entacher le spectacle : une guitare ne voulant pas s’accorder et une corde lâchant sur le délectable et zeppelinien « Drink And Smile ». Les plus observateurs aurons d’ailleurs remarqué sur ce dernier le discret appel de détresse de Tempest à son guitariste Norum, pour lui faire signe de meubler à la reprise du couplet. Un Norum perdu dans son solo et qui n’y prête pas attention. Il semblera d’ailleurs surpris d’entendre le chanteur scander une note à la guitare là où il était sensé jouer des accords. Mais tout ceci s’est déroulé en toute transparence et fluidité, en vrais professionnels qu’ils sont. Le set acoustique s’achève sur « Open Your Heart » qui fera chanter le public, encouragé par un Joey Tempest toujours autant dévoué à ce show, le vivant pleinement. Blagueur, celui-ci avoue que ses premiers mots en français étaient : « Bonjour, je suis le chanteur du groupe Europe » mais qu’ayant bien travaillé la langue de Molière, il était capable d’avoir un langage désormais plus fleuri. Exemple : « Bonsoir, ça va chier ! »
Complicité flagrante entre John Norum (guitre) et Joey Tempest (chant).
Le troisième mouvement de ce récital débute sur un petit coup d’arrêt. Le titre éponyme du dernier opus, « Bag Of Bones », s’avère un peu long, relançant le show par petites doses d’énergie. Mais la belle surprise qu’est « Girl From Lebanon » issu de Prisoners In Paradise – fortement implantée dans la setlist depuis 2012 – se savoure en live avec grand plaisir. Après la surprise : le gâteau. Onctueux, on connaît déjà le goût de la crème le recouvrant avant même de l’avoir mangé. « Carrie » est ce gâteau. Une pièce majeure du groupe attendue par toute une salle même si, certes, tout le monde n’attend vraiment qu’un seul titre qui sera la cerise sur le gâteau. Si la version originale du morceau est profondément Hard-FM, aujourd’hui le son sortant des enceintes démontre toute sa profondeur. « The Beast », « Doghouse », « Sign Of Times » suivent alors, pleines de joie de vivre et d’entrain. Le groupe s’amuse, accusant un sourire sincère. Même Ian Haugland derrière les fûts – lunettes de soleil vissées sur le nez – apparaît comme profondément appliqué bien que plus en retrait. Cependant, offrir au public un tube tel que « Rock The Night » remet tout le groupe au même niveau. Sur ce titre-phare extrait de The Final Countdown (1986), qui verra tout le public chanter le refrain, sera aussi l’occasion pour le groupe d’offrir un medley atypique et apprécié par tout rockeur. Arrivé au break pré-solo, la bande se lancera dans un medley croisant « Ça Plane Pour Moi » de Plastic Bertrand, « Another One Bites The Dust » de Queen et « Rock You Like A Hurricane » des Allemands de Scorpions. Moment intense et nostalgique offrant une dose de bonne humeur et un clin d’œil au public français. Le groupe reprend alors le cours normal du titre et permet une fois encore à John Norum de briller guitare en main sur le solo.
Europe remercié par son public !
Le groupe se retire alors de scène. La fin du spectacle se fait sentir ; celle-ci approche ainsi que le moment culminant de ce voyage à la croisé du passé et du présent. Le Prélude ouvrant Last Look At Eden résonne alors, annonçant le titre éponyme de l’opus. Ce dernier explose dans le Transbordeur. Les claviers sont intenses, la guitare lourde , le chant de Tempest précis, la basse de Levén et la batterie de Haugland profondes. Le refrain fait chanter les récents fans du combo, certains ne cachant pas leur joie d’entendre ce titre par des ‘Oh p*tain !’ emphatiques. Peu de différences séparent la version studio de cette version live. Un grand moment musical auquel s’enchaîne le mondialement connu « The Final Countdown ». L’hymne rock des années 80 a très certainement, à lui seul, rameuté une foule si intense. L’euphorie atteint son paroxysme, et derrière, c’est la quasi intégralité d’une fosse qui saute au rythme de la musique. Si les Suédois, lors d’une soirée arrosée, avait émis l’hypothèse de retirer ce titre de ses setlists, il aurait été dommage, ce soir là, de passer à côté d’un tel orgasme musical pour 90% du public. Le show se conclue ainsi : sous une avalanche d’acclamations. Pari gagné, autant pour ceux qui étaient restés bloqué en 1986 que pour ceux qui ont été surpris, puis conquis par les dernières productions studio du groupe. Oui, Europe est une véritable bête de scène, hypnotisant, envoûtante et Rock ‘N’ Roll.
Setlist de Europe (source setlist.fm) :
Riches To Rags
Not Supposed To Sing The Blues
Firebox
Superstitious
Scream Of Anger
No Stone Unturned
New Love In Town
Demon Head
Set Acoustique:
The World Keep on Turning (reprise de Fleetwood Mac)
Drink And A Smile
Open Your Heart
Bag Of Bones
Girl From Lebanon
Carrie
The Beast
Doghouse
Sign Of The Times
Rock The Night
Rappels:
Prelude
Last Look At Eden
The Final Countdown