FIREWIND : LE VENT SE (RE)LÈVE
carrière solide en tant que musicien, sa notoriété ayant notamment gagné en importance grâce à sa collaboration avec Ozzy Osbourne. Son projet principal, Firewind, alors déjà bien installé sur la scène musicale, a indirectement et naturellement bénéficié de cette exposition et de cette expérience. Cela dit, son histoire n’est pas dénuée de tumulte. Il l’avoue volontiers, les nombreux changements de line-up ont failli avoir raison de la patience du guitariste. Mais sa persévérance ainsi qu’une belle rencontre avec un chanteur qui lui a rappelé ses débuts ont permis à Firewind de se relancer avec une fraîcheur synonyme de résurrection.
Gus G. nous raconte son quotidien, y compris le moins sexy, de musicien et, s’il est possible et fréquent d’être agacé ou de se décourager dans cette profession, il aime se rappeler la raison pour laquelle il fait ça et pour laquelle il n’a pas choisi d’être comptable. Il évoque aussi sa conscience environnementale, qu’il a choisi de mettre en avant à travers trois titres au sein du disque.
Radio Metal : Vous avez récemment annoncé les départs de Bob Katsionis et de Henning Basse. Tu as dit que vous vous étiez séparés avec Henning « à cause de raisons personnelles qui l’empêchaient de participer au cycle de tournée du prochain album et, globalement, de continuer avec le groupe ». Peux-tu nous en dire plus ?
Gus G. (guitare) : C’est assez dur à expliquer précisément. C’était une combinaison de plein de choses. Henning a un souci de santé qui rendait le futur un petit peu incertain pour lui. Il fallait qu’il reste chez lui et prenne soin de lui pendant un moment. Ça n’aurait pas été bon pour lui de constamment voyager. En plus de ça, durant les derniers mois, il y avait un peu de tension entre nous deux. Donc je peux comprendre pourquoi ça ne lui allait plus. C’était le genre de situation où il fallait que je passe à autre chose, il y avait aussi plein de choses personnelles dont je ne peux pas parler.
Tu as aussi dit que c’était « un changement nécessaire pour que le groupe continue ». Est-ce que ça signifie que ça commençait à affecter le travail du groupe ?
Oui, c’était le fond du problème au final. Le groupe ne fonctionnait plus vraiment, la situation entre nous n’était pas mauvaise, mais ça faisait trop longtemps que nous étions en pilote automatique. Il n’y avait aucune véritable attente, certains des gars n’étaient plus excités. Le groupe était très statique et, d’une certaine façon, mourait à petit feu. Quand les gens qui t’entourent ne sont plus excités par ce que tu fais, quand ils n’y croient plus, c’est le moment d’opérer un changement. C’est pour cette raison que j’ai dit ça dans le communiqué de presse. Si je n’avais pas fait ces changements, je ne suis pas sûr si j’aurais continué avec le groupe. Je l’aurais probablement arrêté. Il fallait que je fasse un choix. Il fallait que j’avance avec quelqu’un d’autre parce je ne voyais plus l’intérêt. Les deux ou trois dernières tournées n’étaient pas super pour nous. Enfin, les concerts étaient super, mais l’état d’esprit ne l’était pas.
C’est le troisième album d’affilée avec un chanteur différent. Tous ces changements de line-up ne sont-ils pas décourageants ? Qu’est-ce qui te pousse à continuer malgré tout ?
Je ne sais vraiment pas ! C’est très difficile. Nous sommes un groupe très chaotique. Notre histoire n’est pas toujours jolie. J’ai traversé beaucoup de choses pour faire avancer le groupe et faire qu’il continue de fonctionner. En décembre dernier, c’en est arrivé à un point où j’ai suggéré de remettre le groupe en hiatus. Mais je savais que si je le faisais, je ne m’embêterais plus avec Firewind. Honnêtement, je n’étais pas prêt à l’abandonner, j’avais l’impression d’avoir plus à dire avec ce groupe et j’en suis arrivé à la conclusion que j’avais besoin de continuer. Firewind a toujours été mon bébé depuis que j’étais gamin, ça a toujours été mon groupe. D’une certaine façon, la musique devait continuer. C’est ce que je fais, je fais des chansons et quand je les fais, elles sonnent comme du Firewind.
Bob Katsionis est parti pour se concentrer sur son travail de producteur. Aucun remplaçant n’a été annoncé. As-tu l’intention de le remplacer ou bien préfères-tu rester en quartet ?
Je préfère le format de groupe en quartet pour l’instant. Nous allons continuer comme ça. C’est une restructuration complète du groupe, c’est une nouvelle approche. Nous allons quand même avoir des claviers en sample sur scène, mais pour l’instant je ne recherche pas de cinquième membre.
Il a été initialement annoncé que le groupe entrerait en studio en mai 2019. L’album sort un an après. Le processus a-t-il été retardé par le changement de line-up ?
A l’origine, l’album était prévu pour début 2020 et ensuite nous l’avons décalé. Je ne me souviens plus exactement de ce qui s’est passé mais je pense que nous avons simplement pris du retard avec la musique. Les choses n’ont pas été aussi vite que nous le pensions, mais nous ne voulions pas non plus nous précipiter. Nous avons enregistré la musique, la batterie et les guitares en août et ensuite, rien ne s’est passé avec le chant pendant quatre ou cinq mois. C’est là qu’il devenait évident que je devais de nouveau remplacer notre chanteur parce que ça ne fonctionnait pas avec Henning.
Tu as déclaré qu’avec Herbie Langhans, tu avais l’impression de revenir au Firewind d’origine, parce que son style de chant a une certaine ressemble avec celui de Stephen Fredrick, votre premier chanteur. Est-il possible que son style de chant ait orienté la musique ?
Non, parce que j’avais déjà écrit la musique avant de choisir Herbie pour le groupe. J’ai écrit la musique que je pensais naturellement correspondre à la prochaine étape. Mais quand j’ai entendu Herbie, il me rappelait effectivement Stephen Fredrick. J’ai tout de suite pensé que sa voix collerait super bien à notre groupe. Quand nous avons commencé à parler, la première chose que nous avons faite était de l’essayer sur des anciennes musiques, pour voir comment ça sonnerait avec lui et s’il s’en tirait bien. Nous avons une discographie avec plein de chanteurs différents, ce sont des styles similaires dans un certain type de musique, mais il faut quand même pouvoir tout couvrir. La seconde étape était d’essayer de voir s’il pouvait écrire quelque chose avec moi, si ça accrochait bien. Je lui ai envoyé de la nouvelle musique et nous avons écrit quelque chose. Ensuite, il y a eu la troisième étape, qui est très importante : voir si c’est une personne sympa, discuter de l’ampleur de l’engagement, de la manière d’avancer, de nos plans, etc. Quoi qu’il en soit, quand nous avons commencé à travailler sur des chansons, pour moi, ça sonnait comme Firewind, ça sonnait comme une combinaison des premiers albums. Il apporte également un peu de fraîcheur qui pourrait être profitable à l’avenir. J’ai trouvé que c’était le choix parfait.
Vous avez choisi de nommer l’album d’après le nom du groupe, ce n’est pas anodin…
C’était assez évident avec tous les événements combinés : le gros changement de line-up, le redémarrage du groupe, la nouvelle approche et le fait que la nouvelle musique combine toutes les époques de Firewind. Il y a beaucoup de variété dans ce nouvel album. Si le groupe était sur le point de commencer aujourd’hui en 2020, avec la connaissance et l’expérience acquises au cours des dix-huit dernières années, ce serait le moment parfait.
Comment comparerais-tu le groupe qui a réalisé cet album et celui qui a réalisé Between Heaven And Hell, le premier album ?
J’étais bien plus jeune, j’avais vingt ans quand j’ai fait ça. A l’époque, je découvrais encore mon son et mon style. Je pense que cet album a toujours quelque chose de spécial, j’aime toujours Between Heaven And Hell, il y a de bons trucs là-dedans. J’ai beaucoup grandi en tant que compositeur et musicien. Il y a des ressemblances, évidemment, je peux toujours entendre les bases de mon style et de mon son et comment elles se sont développées, mais c’est très différent maintenant.
Justement, comment décrirais-tu ton évolution en tant que compositeur et musicien depuis cette époque ?
C’est toujours dur pour un artiste de se décrire et de disséquer son style. Je sais que j’ai excellé dans plein de choses, je suis un meilleur musicien, je peux jouer bien plus de choses aujourd’hui, j’ai énormément appris sur la production et la composition. C’est également quelque chose qui nécessite de l’entraînement. Il faut écrire de nombreuses chansons pour s’améliorer. J’ai collaboré avec énormément de gens, de producteurs, de compositeurs, de chanteurs et de musiciens différents au fil des années. J’ai évolué, c’est sûr. C’est toujours le but : essayer de faire un meilleur album la fois d’après. Mais c’est dur pour un artiste de parler de lui-même, je pense que c’est mieux quand ce sont les autres qui en parlent plutôt.
Quels étaient tes objectifs aux débuts du groupe ?
Nombre des objectifs que j’avais quand j’étais gosse se sont réalisés. Je voulais un groupe qui pourrait être reconnu internationalement. J’avais cette vision que nous nous retrouverions sur de grandes scènes, que nous jouerions dans des festivals, que nous ferions des tournées et que nous nous rendrions dans plusieurs parties du monde. Ces choses se sont réalisées et je suis fier de ces accomplissements. Il y a encore un long chemin à parcourir, nous ne sommes pas un groupe énorme. Nous avons beaucoup accompli, mais il y a encore des choses que nous voulons faire.
Généralement, quand on se lance dans une carrière musicale, surtout quand on est jeune, on a des rêves et on est innocent. Comment le fait de travailler dans l’industrie musicale a affecté ces rêves et cette innocence ?
Ils ont été affectés. On n’est novice qu’une fois. Après ça, quand on gagne de l’expérience dans l’industrie musicale, on perd un peu en innocence et en pureté. Surtout moi, étant non seulement un musicien mais aussi le manageur du groupe, je dois gérer plein de trucs un peu ennuyeux. On réalise que certaines personnes ne sont pas aussi pures que toi par rapport à ton art, tout ce qu’elles veulent, c’est le vendre. On voit plein de requins dans cette industrie également. J’essaye de prendre mes distances avec ça, surtout quand je crée de la musique. Je dois me souvenir pourquoi j’ai commencé, pourquoi je fais ça, et ce n’est certainement pas pour l’argent ! [Rires] Si on veut se faire de l’argent, autant travailler dans une autre industrie. Si tu poses la question à n’importe quel musicien, il te dira qu’il fait ça simplement parce qu’il adore la musique et ne peut pas vivre sans. Je pense que les changements que nous avons vécus m’ont ramené aux débuts du groupe et m’ont rappelé pourquoi j’aime tant ce groupe, pourquoi j’adore cette vision que j’avais quand j’avais dix-huit ans, et c’est pourquoi je dois continuer.
En général, les gens ne savent pas qu’il y a un tas de choses ennuyeuses à faire – plein d’e-mails à envoyer, de paperasse, etc. – quand on commence à travailler dans la musique, et qu’il ne reste plus beaucoup de temps pour vraiment jouer de la musique. Ça n’a pas été frustrant au départ quand tu t’en es rendu compte ?
Ça peut parfois être frustrant, on peut en avoir marre. Quand je parle à un comptable pour les impôts, par exemple, putain, c’est chiant ! Ça gâche tout le côté cool d’un groupe de rock. Mais il faut se rappeler que c’est un choix que j’ai fait. C’est mon bonheur. Je suis heureux que mon groupe soit mon travail. Ça aurait pu être pire, j’aurais pu travailler aux impôts ou en tant que comptable pour d’autres gens ! Je crois que c’est Steve Vai qui a dit : « Si tu fais ce que tu aimes, tu ne travailleras pas un seul jour de ta vie. » Bon, je ne suis pas sûr si c’est Steve Vai ou un philosophe qui a dit ça (il s’agit en réalité d’une citation de Marc Anthony, NDLR), quoi qu’il en soit, je trouve qu’il a raison ! [Rires] Evidemment, il y a des jours qui sont pénibles et qu’on n’aime pas, tout le monde connaît ça, mais au final, une fois qu’on réalise qu’on vit de ce qu’on aime, on n’appelle pas ça du travail, c’est juste quelque chose qu’on aime.
Trouves-tu encore le temps de t’entraîner à la guitare ?
Oui. Je ne le fais pas comme je le faisais quand j’étais au lycée et que je jouais huit heures par jour, mais je me réserve toujours un peu de temps tous les jours pour prendre ma guitare, faire des petits exercices d’échauffement et jouer un petit peu. J’en ai besoin. Il y a des jours où je ne vais pas toucher de guitare, tout dépend si mon planning est très chargé. Mais généralement je prends toujours une guitare parce que c’est ce qui me rend heureux. Si j’ai une guitare entre les mains, alors c’est une bonne journée pour moi ! [Petits rires].
A quel point ton implication passée dans le groupe d’Ozzy Osbourne, en étant à un tel niveau de l’industrie musicale, a changé ta vision de cette carrière ?
Ça m’a beaucoup instruit. J’ai appris plein de choses en voyant comment des organisations aussi grosses fonctionnaient. L’éthique de travail qu’ils avaient, comment ils pensaient aux choses… Ça m’a énormément appris. Firewind en a beaucoup bénéficié, mais tout ne peut pas être appliqué à un petit groupe. Par exemple, avant que je ne rejoigne Ozzy, je me fichais un peu des accoutrements de scène, je pensais qu’il suffisait de jouer la musique. Mais le fait de bien se présenter, de s’habiller pour le concert, c’est important. Il faut que les gens te regardent et tu n’as pas envie d’avoir l’air d’un gars qui vit sous un pont. J’ai retenu de petites choses comme ça d’eux et je les ai développées. J’ai aussi amélioré mon éthique de travail et j’ai appris à beaucoup plus apprécier les répétitions de groupe, car nous répétions énormément quand j’étais dans le groupe d’Ozzy.
Revenons à l’album de Firewind. Tu as inclus de nouvelles saveurs, comme dans la chanson « Overdrive » qui possède un groove rappelant Dio voire Black Sabbath, ou « Space Cowboy » et son atmosphère rétro…
Pour être honnête avec toi, si on repense à notre discographie, nous avons toujours eu ce type de chanson hard rock, comme « Mercenary Man », « Falling To Pieces » ou « Where Do We Go From Here ? ». On a toujours retrouvé des chansons comme ça dans les albums de Firewind et je pense que c’est cette variété qui les rend si spéciaux. Nous pouvons être un groupe soi-disant de power metal puis jouer un bon morceau de rock ou de metal classique comme ça. Ceci dit, « Overdrive » est effectivement quelque chose que nous n’avons pas tant fait que ça par le passé. Comme tu dis, il a un petit côté à la Dio/Black Sabbath. C’est sûr que c’est le genre de chose que j’ai déjà écrit par le passé, mais la voix d’Herbie apporte une nouvelle saveur à l’exercice.
La dernière fois qu’on t’a parlé, tu nous as dit que « Firewind en est à un stade dans [v]otre carrière où [v]ous ne pouv[ez] pas trop le changer » et que tu utilisais ton projet solo pour expérimenter. Mais penses-tu que ce soit devenu sain aujourd’hui d’également introduire d’autres éléments dans Firewind pour que ça reste frais ?
Evidemment, c’est difficile. Quand tu as peint un tableau, c’est dur de sortir de ce cadre. Il y a toujours un risque. Si je compare à Immortals, c’était là aussi un album différent pour nous, parce que c’était un album de power metal délibérément très épique. Quand j’écrivais la musique de ce nouvel album, celle-ci ne me venait pas de la même manière que pour Immortals. Très vite, j’ai réalisé que je ne pouvais pas refaire le même genre d’album. Un tas de chansons différentes me venaient et ça me rappelait les variations qu’avaient des albums comme Allegiance ou The Premonition. C’est venu naturellement cette fois et j’ai suivi cette voie. J’espérais juste que la musique serait bonne, au final, et ne serait pas trop différente. Au bout du compte, quand je joue et écris des trucs, il y a toujours une ressemblance avec Firewind parce que c’est moi qui ai écrit la musique durant toutes ces années. Avec mon projet solo, j’expérimente avec d’autres choses. J’ai fait beaucoup de rock US radiophonique ou j’ai expérimenté avec les instrumentales, c’était plus orienté guitare.
A propos du côté Dio/Black Sabbath dans « Overdrive » : à quel point Dio et Tony Iommi t’ont affecté en tant que guitariste et artiste ?
Beaucoup ! Tony Iommi est l’une de mes principales influences. Sans Tony Iommi, nous ne serions probablement même pas assis là à parler de heavy metal [rires]. Il est l’une des raisons pour lesquelles je me suis mis à la guitare. Il m’a vraiment inspiré à apprendre mes premiers riffs. C’est clairement l’une de mes principales influences, non seulement en tant que musicien, mais aussi par rapport à la quantité de changements que Black Sabbath a traversés dans son histoire. Tony Iommi a également été une inspiration pour moi dans sa manière de faire vivre la marque Black Sabbath, de protéger cette marque durant toutes ces décennies et de construire l’héritage du groupe même s’ils ont aussi eu différents chanteurs et line-up. A chaque fois que nous traversons un changement, je me demande : « Que ferait Tony Iommi ? » [petits rires].
« Orbital Sunrise », « Longing To Know You » et « Space Cowboy » sont liés par leurs textes. C’est une histoire sur « la surexploitation de la nature vue sous la perspective d’un astronaute solitaire, en orbite au-dessus de la Terre dans sa capsule spatiale ». C’était prévu dès le départ que ces trois chansons soient liées ?
Absolument pas. J’ai fait la musique au début sans vraiment avoir de parole. Pour moi, c’était la routine habituelle, je ne faisais qu’écrire ma musique. Nous nous sommes souciés des paroles plus tard. La musique me vient en premier. Ensuite, il faut une mélodie vocale forte et après, on peut tourner les paroles comme on veut, du moment qu’on a une super mélodie et une super accroche. Le concept de ces trois chansons était l’une des idées qui nous sont venues quand nous avons discuté des textes avec Herbie. J’adore les films de science-fiction, donc je lui ai dit : « Que dis-tu de cette idée spatiale ? Que dis-tu de faire un truc de science-fiction et d’écrire quelque chose à propos d’un astronaute ou une sorte d’odyssée spatiale ? » Il a trouvé que c’était une bonne idée, donc il a commencé à écrire. Il a d’abord écrit « Space Cowboy » et il a enchaîné sur les autres chansons. Je pensais qu’il ne fallait pas faire un concept complet mais que c’était une bonne idée d’avoir deux ou trois chansons. Le concept, ce n’est pas l’histoire d’un astronaute qui quitte la Terre et s’en va dans l’espace, ça parle plutôt de ses sentiments et de ses pensées sur l’humanité, sur le manque de sa famille, sur la nature et sur la Terre. Il s’agit de voir ces choses avec les yeux d’un astronaute solitaire qui voit la beauté de notre monde, à quel point la Terre est magnifique. C’est pourquoi toutes ces pensées lui viennent : « Pourquoi est-ce qu’on s’inflige ça ? Pourquoi détruit-on la nature ? » Même s’il est seul à un million et demi de kilomètres de nous, il se sent probablement plus connecté que jamais à la Terre et aux humains. D’une certaine façon, ce concept a une dimension socio-politique, mais nous avons été plus loin et avons essayé d’adopter la perspective d’un astronaute solitaire.
C’est Carl Sagan qui disait dans son livre Un Point Bleu Pâle : « Regardez encore ce petit point. C’est ici. C’est notre foyer. C’est nous. Sur lui se trouvent tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. » C’est une belle phrase qui résume bien ce que doit voir cet astronaute…
Tout à fait ! Tout ce qu’on connaît est ici, dans cette petite sphère. C’est assez dingue quand on y réfléchit. Imagine quelqu’un qui serait là-haut et qui verrait l’univers…
Es-tu engagé pour l’environnement ?
Je ne suis pas du genre à manifester, je ne suis pas un militant ou quoi, mais je pense que c’est du bon sens, on devrait tous se soucier de l’environnement. Regarde ce qui se passe aujourd’hui, la Terre dit : « Allez vous faire foutre les connards, vous avez merdé, restez chez vous et laissez-moi tranquille ! » A un moment donné, la nature aura sa revanche sur nous, c’est inévitable avec toutes les conneries que nous faisons. On devrait tous être soucieux de ça. C’est quelque chose auquel je pense beaucoup. J’ai vécu dans une ville toute ma vie et j’en suis parti il y a quelques années pour vivre plus proche de la nature, c’était la meilleure chose qui soit ! L’an dernier, je suis revenu à la ville et j’ai immédiatement remarqué à quel point l’air était différent et ça m’a énormément gêné. Je ne vis même pas dans une grande ville comme Paris, je vis dans une plus petite ville… On devrait tous apporter notre contribution, autant que nous le pouvons.
Depuis qu’on est tous coincés chez nous, il y a moins de pollution dans les grandes villes…
Oui. Il y a des gens dans le monde qui revoient le ciel. Ils ne pouvaient plus voir le bleu du ciel. C’est dingue, non ? J’étais en train d’y penser il y a deux ou trois jours et au moins, la Terre va pouvoir respirer un peu. Il y aura moins de pollution, moins d’essence qui brûle là-dehors et c’est une bonne chose. La Terre a besoin de prendre un peu de temps pour se guérir.
La chanson « Rising Fire » parle de surmonter des difficultés et des situations dans lesquelles on peut être coincé. Quelles difficultés ont inspiré les paroles de cette chanson ?
Je crois que je l’ai écrit par frustration, à vouloir finir cet album [rires]. J’ai vécu un enfer pour arriver au bout de cet album. Ça ne parle pas de quelqu’un spécifiquement, je n’écris pas contre quelqu’un. J’essayais juste de surmonter ça et d’aller de l’avant, vers l’avenir. Firewind a connu de nombreuses pertes par le passé, c’est un groupe qui a connu plein de problèmes. Ça parle de passer à autre chose.
Ozzy Osbourne a sorti le successeur de Scream, l’album sur lequel tu as joué. L’as-tu entendu ? Quel est ton regard sur ce nouvel album en tant qu’ex-collaborateur du chanteur ?
Oui, je l’ai entendu. Je trouve que l’album est sympa. Il y a de bons passages et de bonnes chansons. J’aime beaucoup la chanson « Under The Graveyard », je trouve qu’elle est excellente. Je suis content qu’il soit toujours aussi créatif, car il a eu une dure année, il s’est fait mal et il est en train de s’en remettre. C’était bien qu’il se soit tourné vers la musique pour évacuer ses frustrations. Je suis très content pour lui.
Es-tu surpris que Zakk Wylde n’en fasse pas partie et qu’Ozzy ait choisi de faire appel à un autre jeune guitariste, Andrew Watt ?
J’étais surpris au départ, pas seulement pour Zakk Wyle, mais aussi pour tous les autres musiciens du groupe. Ils n’y ont pas participé et tous ces gars étaient là depuis longtemps. Mais apparemment, Ozzy devait écrire quelque chose très rapidement et on lui a présenté Andrew Watt. Tu connais l’histoire avec Post Malone… Je pense qu’une chose en a amené une autre, ils ont probablement fait cet album très vite. Au final, ça n’a pas d’importance, c’est un album d’Ozzy Osbourne.
Interview réalisée par téléphone le 1er avril 2020 par Philippe Sliwa.
Transcription : Emilie Baradlou.
Traduction : Nicolas Gricourt.
Site officiel de Firewind : firewind.gr.