Halestorm : pour la scène Chez Halestorm, tout gravite autour de la scène. Parce que le groupe passe son temps à tourner, mais aussi parce c’est à cela que le quatuor pense quand il compose. La finalité artistique d’une chanson de Halestorm, c’est son exécution sur scène et leurs albums sont écrits en fonction de cela.
Dans un de ses sketches, l’humoriste connu sous le pseudonyme de Comte de Bouderbala s’amusait de l’enthousiasme quasi-permanent des Américains, l’opposant à l’attitude froide des Français. Il y a de ça chez Lzzy Hale, frontwoman de Halestorm. Et il faut admettre que c’est efficace car cette joie de vivre presque enfantine et qui pourrait agacer est au contraire contagieuse.
Parce que Halestorm, c’est au départ une histoire de gamins âgés de 10 à 13 ans qui décidèrent de monter un groupe et qui furent des années durant soutenus activement par leurs parents :
« Personne n’appelle personne pour dire ‘Tu devrais aller chez le coiffeur et trouver un vrai travail !’ » confie Lzzy Hale. Une chance inestimable, qui a continué de sourire à Halestorm à de multiples reprises, que ce soit par le coup de cœur d’Atlantic Records, l’amour peu commun que lui voue sa fan-base ou diverses opportunités telles que l’utilisation d’un titre dans la série Glee. Une chance que le groupe a bien entendu su provoquer à force de travail et qui porte ses fruits : la vie sourit à Halestorm et Halestorm nous le rend bien avec son enthousiasme et sa musique percutante, sucrée et qui met de bonne humeur. Un parcours ayant également son lot d’erreurs, que Lzzy admet volontiers en avouant, par exemple, que le groupe a manqué de spontanéité sur son premier disque, se demandant bien trop comment écrire des titres au potentiel vendeur.
Dans cette interview, nous avons couvert avec Lzzy tous les pans d’une carrière, certes naissante, mais déjà riche.
Un entretien fleuve ayant duré plus d’une quarantaine de minutes, riche en anecdotes à ne pas rater, et donc absolument indispensable pour qui s’intéresse au groupe.
« On a été chez Atlantic Records pendant trois ans et demi avant de commencer à leur rapporter de l’argent. Donc ils croient vraiment en la musique. »
Radio Metal : Vous avez développé une relation solide avec Atlantic Records. Peux-tu nous parler de cette relation avec ce label ?
Lzzy Hale (chant, guitare, claviers): Ça fait depuis 2005 qu’on est en relation avec cette compagnie, en fait. On faisait des concerts à New York, aux États-Unis, et ils ont commencé à venir nous voir. Ils n’ont même pas commencé à parler d’un contrat avant sept mois, on connaissait leurs familles et on savait à quel point ils étaient formidables, puis ils nous ont finalement fait une proposition. Quand ils nous ont demandé si on voulait travailler avec eux, on n’a même pas eu besoin de réfléchir, on a dit « oui » immédiatement. Ce qu’il y a de génial à propos de cette compagnie c’est qu’au lieu de nous envoyer en studio puis de nous lancer en tournée, on a commencé par faire des tournées pour établir notre fan-base. On avait un EP cinq titres qui n’a même pas été lancé à la radio. Tu sais, honnêtement, on a été chez Atlantic Records pendant trois ans et demi avant de commencer à leur rapporter de l’argent. Donc ils croient vraiment en la musique et en le développement des groupes, plutôt que de les lâcher dans la nature et de voir comment ça se passe, on apprécie vraiment ça. Ils étaient vraiment enthousiastes à propos de ce qu’on voulait faire et ils voulaient vraiment nous donner l’opportunité de nous trouver et de prouver au monde ce dont on était capable.
Atlantic Records est une grosse structure. Avec ce genre de grosse machine, le public a tendance à avoir cette image de label cupide qui ne s’intéresse pas à la musique. Mais cela ne semble pas coller à la description que tu fais d’eux.
Oh, absolument. On entend des histoires folles de tellement d’autres groupes à propos de leurs labels, ils nous disent qu’ils détestent tout le monde là-bas. Mais nous avons une relation réellement unique avec notre label, on a beaucoup de liberté artistique, parfois trop [rires], c’est un partenariat. Ils ont investi en nous parce qu’ils croient qu’on peut faire quelque chose et on a investi en eux parce qu’ils savent vendre des albums. C’est très unique et j’en suis reconnaissante.
« Je pense qu’on base beaucoup des chansons qu’on compose sur leur interprétation en concert, on prend toujours en compte comment quelque chose va sonner live »
Vous avez commencé votre carrière en faisant beaucoup de tournées et vous avez même sorti votre premier EP live avant même de sortir votre premier album studio. Penses-tu que le but premier de Halestorm ne soit pas d’enregistrer des albums mais de faire des concerts ?
Oui, complètement. Ça a toujours été notre premier amour. On adore jouer en concert et faire des tournées. Je le dis toujours : les tournées, c’est facile, c’est la vraie vie qui est difficile. C’est formidable, j’adore voyager et j’adore sortir tous les soirs sans savoir ce qui va se passer et il se passe toujours quelque chose de spécial. C’est vraiment formidable. Je pense qu’on base beaucoup des chansons qu’on compose sur leur interprétation en concert, on prend toujours en compte comment quelque chose va sonner live et comment ça marchera avec le public. C’est une énorme partie de qui on est et de comment on fait les choses, tu sais ? Même sur le nouvel album, on a un morceau qui s’appelle « Freak Like Me » et un autre qui s’appelle « Rock Show », qui ont tous les deux été inspirés par nos fans. « Freak Like Me » était inspirée par nos fans à l’étranger, en Europe, et pour « Rock Show » j’ai tiré mon inspiration d’une petite fille que j’ai rencontrée. Son tout premier concert était un concert de Halestorm. Ça a changé sa vie, elle est dans un petit groupe maintenant. Elle m’a écrit une magnifique lettre que j’ai fini par amener à une de nos sessions de composition en disant : « Il faut qu’on écrive une chanson pour elle ». C’est certainement une énorme partie de ce qu’on fait.
Est-ce parce que vendre des disques n’est pas le meilleur moyen aujourd’hui de vivre de la musique que vous tournez autant ?
Tu sais, c’est intéressant parce que d’un côté le label fait un très bon travail pour vendre notre musique et faire la promo à la radio, ainsi que la distribution chez les disquaires et tout le reste. Mais c’est toujours incroyablement important de tourner et de développer une relation avec tes fans, tu sais ? Une de nos plus grandes forces est qu’on a une relation assez intime avec nos fans, on en voit beaucoup régulièrement, on connaît leurs noms et leurs familles, on écoute leurs histoires. C’est très inspirant au niveau des paroles, je suis très inspirée par mes fans et par ce qu’ils me disent. Je ne sais pas, je pense que c’est juste extrêmement important pour un groupe de tourner. L’année dernière, on a fait près de 300 concerts [rires] et ça va devenir de plus en plus chargé parce qu’on vient de sortir un deuxième album. Je ne pense pas qu’on pourrait survivre sans les tournées.
(à propos de Lady Gaga) « C’est naturel pour elle d’être bizarre et je ne pense pas que ça soit quelque chose que tu puisses feindre »
L’an dernier vous avez sorti un EP avec uniquement des reprises. Sur cet EP il y avait « Bad Romance » de Lady Gaga. Lady Gaga semble être passionnée par le hard rock et le metal, et il semble également que les groupes de metal s’intéressent à sa musique. Comment expliques-tu cela ?
Celle-là était intéressante. En fait, on n’a pas décidé de faire une reprise de Lady Gaga, ce sont nos fans qui l’ont choisie [rires]. On a choisi cinq morceaux à faire sur l’EP – il y avait beaucoup de rock classique, « Slave to the Grind » [de Skid Row], Guns N’ Roses, Heart, The Beatles et tout ça. On avait besoin d’un autre morceau, donc on a décidé de mettre un sondage sur notre site et de demander aux fans ce qu’ils voulaient entendre. Le morceau le plus demandé était « Bad Romance » de Lady Gaga, et ça vient de nos fans dont beaucoup sont des fans purs et durs de hard rock et de metal. On était vraiment surpris par le fait qu’ils voulaient qu’on joue cette chanson mais on l’a faite et le résultat est super, en fait c’est vraiment un super morceau. C’était marrant de la réinterpréter pour se l’approprier façon rock. J’ai effectivement entendu dire que Lady Gaga est une fan de heavy metal et de hard rock. Quoi qu’il en soit, je pense que c’était une bonne idée mais c’était vraiment marrant de voir ça. Je l’ai jouée quelques fois en concert, tu peux y voir les hommes les plus virils chanter les paroles d’une chanson de Lady Gaga, c’est vraiment génial de voir ça.
Comment expliques-tu que le public metal et les musiciens soient si intéressés par la musique de Lady Gaga ? Qu’est-ce qu’elle a de si spécial ?
Tu sais, elle est réellement unique, j’ai beaucoup de respect pour elle parce que, au début – je serai honnête – lorsqu’on a commencé à entendre parler d’elle, je me suis dit : « Oh non, en voilà encore une nouvelle qui essaie d’attirer un peu d’attention mais qui est complètement artificielle, avec un manager qui lui dit tout ce qu’elle doit faire ». Puis, quand j’ai commencé à en savoir plus sur elle, je me suis dit : « Elle est réellement bizarre, en fait » [rires]. C’est naturel pour elle d’être bizarre et je ne pense pas que ça soit quelque chose que tu puisses feindre, donc j’ai beaucoup de respect pour ce qu’elle fait et ses prestations scéniques sont géniales.
« La reprise des Beatles était la première chanson sur laquelle les gars de mon groupe et moi-même avons jammé. On a choisi ce morceau dans la cave de mes parents [rires]. [...] On s’est dit que c’était un long morceau, donc d’ici à ce qu’on arrive à la fin, on aurait une assez bonne idée de si on pouvait travailler ensemble ou non »
D’ailleurs, comment avez-vous choisi les morceaux à reprendre sur l’EP ? Qu’est-ce qu’ils représentent pour le groupe ? Ces chansons étaient-elles vos premières influences ou les premiers groupes que vous avez écouté peut-être ?
Il y a plusieurs petites choses, plusieurs raisons pour avoir choisi celles-là. Certaines étaient nos influences, comme « Slave to the Grind » de Skid Row et celle des Guns N’ Roses. J’ai grandi en écoutant la musique de mes parents, c’était beaucoup de hard rock et de metal des années 80, beaucoup de Van Halen, Alice Cooper, Skid Row et Guns N’ Roses, donc je voulais vraiment en mettre sur l’EP, c’était une super opportunité pour moi de revendiquer fièrement mes influences. La reprise des Beatles était la première chanson sur laquelle les gars de mon groupe et moi-même avons jammé. On a choisi ce morceau dans la cave de mes parents [rires], on l’a apprise et on a joué dessus ensemble. On s’est dit que c’était un long morceau, donc d’ici à ce qu’on arrive à la fin, on aurait une assez bonne idée de si on pouvait travailler ensemble ou non. C’était quelque chose de spécial pour nous donc on voulait le mettre sur l’EP. Le morceau de Heart était ma chanson karaoké pendant un bout de temps [rires], les garçons de mon groupe et moi allions à des bars à karaoké et ils m’inscrivaient pour jouer cette chanson et on nous donnait des bières gratuites, que je la fasse bien ou non [rires]. Donc c’était la plus marrante. Je leur ai dit : « Si on joue ce morceau sur l’EP, il faudra me choisir une autre chanson de karaoké », ils ont dit « marché conclu ».
« C’était fou, les gens de Glee nous ont contacté, ils ont dit : ‘Hé, on adore votre chanson’. [...] J’étais sans voix parce que je me suis dit ‘Il y a trois mots dans cette chanson que je suis certaine qu’ils ne pourront pas dire dans Glee’ [rires], donc il a fallu que j’aille enregistrer une version clean, sans vulgarité. »
Votre morceau « Here’s to Us » était dans la série télévisée Glee quelques semaines avant la sortie du nouvel album. Est-ce que ça a aidé le groupe à avoir plus d’attention ? Peux-tu estimer l’effet que ça a eu ?
C’était fou, les gens de Glee nous ont contacté, ils ont dit : « Hé, on adore votre chanson », ils l’avaient entendu sur une sorte d’EP qu’on avait fait tourner parmi nos amis de l’industrie, notre label, notre management… Ils l’avaient entendu et ils voulaient utiliser le morceau « Here’s to Us », qui était le dernier morceau du CD. J’étais sans voix parce que je me suis dit : « Il y a trois mots dans cette chanson que je suis certaine qu’ils ne pourront pas dire dans Glee » [rires], donc il a fallu que j’aille enregistrer une version clean, sans vulgarité ou quoi que ce soit. Bien sûr, j’étais très honorée d’avoir été choisie pour ça. Ça a clairement fait de la pub pour le groupe. On a aussi eu beaucoup de critiques de la part de nos amis et de certains fans purs et durs qui disaient : « Pourquoi ?! Pourquoi avoir été sur Glee ? Vous avez vendu votre âme ». Je vois ça sous un angle différent, je pense qu’on s’est ouverts à énormément de gosses qui n’auraient pas été nous chercher d’eux-mêmes, ils n’iraient pas spontanément chercher un groupe comme nous. Donc ça nous a vraiment exposé à beaucoup d’enfants qui ont commencé à venir à nos concerts, à nous suivre et à acheter nos CD. C’est vraiment cool. Je dois te dire que c’était vraiment étrange de voir ça a la télé, par contre. De voir leur version. Mais j’ai vu l’épisode et c’était vraiment le premier épisode de Glee que j’ai regardé de ma vie, donc je n’avais pas la moindre idée de ce qui se passait [rires]. J’ai regardé ça avec deux petites filles, les filles d’un de mes amis du label, donc elles me mettaient à jour sur toute l’histoire de Glee et les ragots qui vont avec [rires]. C’était formidable et je suis vraiment contente qu’ils aient fait ça avec notre morceau. Puis, comme je te disais, ils nous ont exposé à énormément d’enfants qui n’auraient jamais connu Halestorm sans ça. Je pense que notre fan-base a clairement grossi grâce à ça.
Ces quelques dernières années il semblerait que le hard rock et le metal se soit ouvert à un public beaucoup plus jeune. On voit beaucoup plus d’enfants de huit ans avec un T-shirt Slipknot ou autre.
Ouais, c’est fou. J’ai beaucoup vu ça ces derniers temps, j’ai vu des gosses aux concerts avec des T-shirts Megadeth. C’est formidable. J’en vois beaucoup prendre des instruments aussi, ce qui est très encourageant, je sens que la prochaine génération va être l’avenir du rock’n'roll. Je pense qu’ils comprennent vraiment ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, ça fait plaisir à voir.
C’en est presque énervant, de voir des enfants de 8 ans jouer aussi bien que des adultes !
Oui, c’est un peu effrayant ! [rires]
« S’ils nous avaient donné tout le temps du monde pour faire cet album, on serait probablement toujours en train de travailler dessus [...]. Sur le 1er album on pensait trop à : ‘Est-ce que ça va être à la radio ? ‘ ou ‘Est-ce que le label va aimer ?’. Sur cet album on s’est juste concentré sur ce qui nous plaisait »
Ce nouvel album s’annonce comme la plus grosse sortie de Halestorm jusqu’à maintenant. Il a commencé n°1 sur le Billboard des albums de hard rock et a été dans le top 15 du Billboard 200. Comment expliques-tu ce succès ?
C’est ça le truc, je ne peux pas l’expliquer ! Je n’avais pas la moindre idée de ce qui se passerait avec cet album. C’est la première fois qu’on sort un deuxième album [rires] donc on n’en avait vraiment pas la moindre idée puis, tout d’un coup, il a commencé à grandir de lui-même, ça a fait effet boule-de-neige et on l’a regardé grimper les charts. On se disait : « Non mais t’es sérieux ? C’est à nous que c’est en train d’arriver ? ». On était donc vraiment contents. C’est bon à savoir parce qu’on est vraiment fiers de cet album, on y a mis beaucoup de nous-mêmes. Il y a beaucoup d’éléments humains, c’est ce que nous sommes. C’est encourageant de voir autant de gens qui l’aiment, et qu’il soit aussi bien reçu est génial. C’est un énorme compliment. En même temps, ce n’est que le début, ça ne fait qu’un mois qu’on est en tournée maintenant. Les choses se passent déjà vraiment bien – à vrai dire, ça serait bien si ça restait juste comme ça [rires]. Je ne sais pas, on prend ça avec beaucoup d’humilité, c’est incroyable de voir tout ce qui se passe avec cet album. J’en suis vraiment fière.
Tu as dit dans une interview à propos du processus d’écriture de ce nouvel album qu’il avait été écrit dans l’urgence. Penses-tu que, au bout du compte, cela donne sa spontanéité à l’album ?
Je pense absolument que c’était une bonne chose. Je me suis rendu compte que lorsqu’on a une date limite, on n’a pas le temps de réfléchir, il faut faire les choses. Si on n’avait pas de date limite, s’ils nous avaient donné tout le temps du monde pour faire cet album, on serait probablement toujours en train de travailler dessus parce qu’on dirait probablement : « On travaillera sur ce morceau demain, allons manger ! ». Avec cet album, on n’a pas eu d’autre choix que d’arrêter de réfléchir et de se concentrer sur ce qui nous excitait et sur ce que le morceau voulait être. Je pense que sur le premier album, on pensait trop à « Est-ce que ça va être à la radio ? » ou « Est-ce que le label va aimer ? » ou « Est-ce que les fans vont aimer ? » et les choses ont perdu leur saveur au bout d’un moment. Sur cet album on s’est juste concentré sur ce qui nous plaisait, puis on l’enregistrait pour voir. Au final on en est arrivés à un panel assez éclectique de morceaux qui vont du plus intime qu’on ait fait au plus lourd qu’on ait fait. C’est vraiment quelque chose de spécial à faire et je suis contente qu’on s’en soit tiré. Puis parce qu’on était pris par le temps, je suis vraiment contente qu’il reçoive autant d’attention parce que je pense que cet album, au-delà du premier, nous représente vraiment.
D’ailleurs, la façon dont l’album est agencé est assez unique. L’album commence avec quatre morceaux très puissants, qui s’enchainent avec trois ballades. Pourquoi avoir choisi de mettre ces ballades ensembles plutôt que de les répartir sur l’album ?
Tu sais ce qui est marrant ? Tu dois être la dixième personne à me demander ça ! Je n’y avais jamais vraiment pensé mais il me semble que, inconsciemment on a écrit notre liste de chansons comme si c’était une setlist de concert. Je me suis rendu compte de ça, parce que je ne savais pas vraiment pourquoi on a fait ça, pourquoi c’est si confortable pour nous et je pense que c’est parce que – comme on disait au début de l’interview – on est avant tout un groupe de concert, tu sais ? On aime les concerts, donc je pense qu’écrire des setlists ça fait partie de nous. Donc, quand on a écrit la liste des chansons pour l’album, on s’est juste mis en mode « setlist » [rires] inconsciemment et on l’a écrite comme si on devait jouer l’album dans son intégralité en concert. Ce qui est marrant c’est que lorsque tu nous vois, c’est vraiment ce qu’on fait. On commence avec « Love Bites » et on termine avec « Here’s To Us », c’est marrant. C’est pour ça que je pense que c’est génial que tu nous demandes ça, parce que tu as remarqué qu’il y a quelque chose d’un peu étrange à propos de l’agencement de l’album [rires]. Donc oui, je pense qu’on a fait ça inconsciemment parce qu’on est un groupe de live, je suppose.
Mais n’avais-tu pas peur que ce choix puisse briser le rythme de l’album ?
Tu sais quoi ? Maintenant que tu le dis, oui, mais ça aurait pu être l’inverse. L’album aurait pu être une montagne russe et désorienter les gens. Les morceaux intimes sont vraiment séparés du côté metal de l’album, je ne sais pas, ça aurait été étrange de faire ça différemment. Je pense que si on avait un morceau « in your face », puis une ballade et ainsi de suite, ça pourrait devenir désorientant, quelqu’un finirait par avoir un mal de crâne à l’écouter [rires].
« J’adore être une leader, j’adore être funky, être sur scène et montrer les dents à tout le monde et me montrer agressive, puis il y a l’autre côté de moi – qui m’effraie peut-être même plus que le côté agressif – qui est beaucoup plus vulnérable et intime. »
Il y a des morceaux comme « You Call Me a Bitch Like It’s a Bad Thing », « Freak Like Me », « Love Bites, So Do I », ça semble indiquer que tu es une assez vilaine fille [rires]. Était-ce une façon de dire que tu n’étais pas une de ces chanteuses issue de groupes de metal symphonique un peu proprets ?
Oh oui, clairement j’ai appris beaucoup de moi-même en écrivant cet album [rires], pour dire ça poliment. Il y a eu des moments où j’avais l’impression d’effrayer les membres de mon groupe [rires]. Ils me regardaient en disant : « T’es sérieuse ? Tu veux chanter à propos de ça ? » [rires] Mais c’est intéressant, parce que j’ai clairement deux côtés. Il y a le côté où j’adore être une leader, j’adore être funky, être sur scène et montrer les dents à tout le monde et me montrer agressive, puis il y a l’autre côté de moi – qui m’effraie peut-être même plus que le côté agressif – qui est beaucoup plus vulnérable et intime. C’est intéressant parce que sur cet album j’ai trouvé un moyen de laisser ces deux aspects coexister. C’est comme s’il y avait un interrupteur quelque part [rires], tu vois ? Je pense qu’il y a la Lzzy Hale que tu vois sur scène, puis il y a la Lzzy Hale que les gens rencontrent hors de scène, qui appelle régulièrement sa grand-mère [rires]. Donc c’était clairement désorientant au début lorsqu’on a commencé l’écriture de cet album parce qu’il y avait tant qui sortait de moi, donc j’écrivais tout ce que je ressentais et tout ce que j’ai jamais ressenti. Pour une raison inconnue, tout a bien marché sur le même album mais je me suis vraiment effrayée un peu sur cet album.
Te sens-tu proche des groupes de metal à chant féminin qui jouent une musique complètement différente, comme Epica ou Nightwish, qui ont une image beaucoup plus « propre » comparée à la tienne ?
Tu sais, ce qu’il y a de formidable à propos de toutes ces filles, c’est qu’on est toutes solidaires. Il n’y a pas de compétition entre nous parce qu’on est toutes assez différentes, tu sais, on représente toutes une différente section du spectre du rock’n'roll. On aime Nightwish et j’ai rencontré Cristina Scabbia de Lacuna Coil, c’est un amour, j’ai rencontré Amy Lee d’Evanescence, c’est aussi un ange, et Maria Brink d’In This Moment… C’est vraiment formidable d’être dans ce club exclusif où il n’y a que quelques-unes d’entre nous. Il n’y a qu’une poignée de groupes à chanteuses qui marchent en ce moment, qui font des tournées, et je suis honorée d’en faire partie. Ça m’a pris un bout de temps pour me faire ma place dans le paysage mais c’est magnifique d’être là maintenant et de voir tout le monde.
Mike Orlando, le guitariste d’Adrenaline Mob, a dit à propos de toi : « Elle est comme une version féminine de Russell Allen ». La comparaison est intéressante car, comme lui, tu as une voix rock’n'roll très puissante tout en étant capable de chanter très aigu. Es-tu d’accord avec cette comparaison ?
C’est fou, c’était génial à faire. Tu sais, Mike Portnoy et moi sommes devenus amis quand il était avec Avenged Sevenfold, parce qu’on est partis en tournée avec eux. On a échangé nos numéros et on s’est éclatés en tournée, c’est un amour. Quand on faisait notre album en Californie, il a appelé et m’a demandé si je voulais faire une reprise de Duran Duran, du morceau « Come Undone » avec son groupe. Évidemment, j’ai dit oui mais c’était une expérience unique de chanter avec ces mecs et de faire partie de cette camaraderie pour un petit moment. Ce sont des légendes et ils savent vraiment ce qu’ils font. J’ai dû prendre ça avec humilité, également, parce qu’ils auraient pu demander à n’importe qui et ils m’ont demandé à moi, ça m’a beaucoup flatté. C’était clairement un challenge, un challenge de se tenir à coté de Russell Allen, qui a une voix formidable, et le style de Mike Portnoy à la batterie est juste complètement hallucinant, c’est une légende. Donc j’étais un peu nerveuse, je me disais : « J’espère que je peux faire ça bien pour eux ». Donc je suis contente qu’ils aient apprécié ce que j’ai fait.
Et que penses-tu de ce qu’il a dit, te comparant à Russell Allen, vocalement parlant ?
Je pense que c’est génial. Tout d’abord, les notes aiguës que cet homme peut chanter sont hallucinantes [rires], et le challenge pour moi c’était d’essayer d’avoir un aussi bon vibrato, parce qu’il a un vibrato très maîtrisé et une voix tellement puissante. C’était clairement un challenge pour moi. Le fait qu’il me compare à lui est génial, je prends ça comme un compliment. C’est marrant, on me compare plus souvent à des chanteurs hommes que femmes, je ne sais pas trop pourquoi [rires].
Je pense que tu devrais te poser des questions à propos de ça [rires].
Ouais, il va falloir que je me penche là-dessus ! [Rires] Mais pour l’instant je prends tout ça comme un compliment. Je pense que vu tous les chanteurs avec lesquels il a travaillé, le fait qu’il me compare à un des meilleurs, Russell, est génial. Je l’en remercie.
« Ma mère, pendant quinze ans, était notre tour-manager. [...] Mon père nous conduisait quand on avait un planning chargé. [...] Lorsque mon frère et moi avons commencé ce groupe, on l’a baptisé Halestorm, j’avais 13 ans et lui 10. Mes parents étaient vraiment encourageants [...] Personne n’appelle personne pour dire : ‘Tu devrais aller chez le coiffeur et trouver un vrai travail !’ »
Tu as chanté avec Shinedown, Adrenaline Mob et Black Stone Cherry. Il semble que tu aimes bien les duos. As-tu envisagé d’avoir un invité spécial sur un album de Halestorm , ou peut-être prendre un chanteur homme ?
Absolument, j’adorerais faire ça. Sur la version deluxe de cet album, je me suis retrouvée à chanter avec James Michael de Sixx:A.M. sur un morceau qu’on a écrit ensemble qui s’appelle « Private Parts ». C’est la première fois que j’ai quelqu’un d’autre qui chante sur un de nos albums avec moi. Mais un de mes rêves, à vrai dire, serait de voir s’il serait possible de faire un duo avec une de mes compères chanteuses, je vais leur demander de chanter avec moi parce que ça serait fun. Je ne sais pas trop à propos de quoi on pourrait chanter sans que ça ne semble vraiment sale [rires] mais on trouvera bien si ça finit par se faire. J’adore chanter avec d’autres gens, j’adore faire des duos sur les albums d’autres groupes également. Je veux dire, chanter avec Shinedown, Black Stone Cherry et Adrenaline Mob, c’est comme si c’était ma famille maintenant, je les adore tous. Donc, dès que j’ai la possibilité de les aider, je suis toujours là.
Quand tu dis que tu aimerais faire un duo avec une autre chanteuse, tu penses à qui ?
Forcément, comme je viens de la rencontrer, j’ai envie de te dire Amy Lee, je pense que ça serait génial parce qu’elle a une voix vraiment envoûtante qui pourrait bien compléter mon chant le plus guttural, quoi qu’on puisse appeler ce que je fais [rires]. Je pense qu’on se complèterait bien. Sinon, Cristina Scabbia. Maria Brink, ça serait vraiment fun parce qu’elle peut gueuler plus fort que moi, ça serait marrant. A l’heure actuelle, je ne suis pas tout à fait sûre, je pense que ça dépend de qui est disponible ainsi que du morceau. Si c’est plutôt une ballade, je pense que je choisirai Amy Lee, parce qu’elle a ce type de voix. Même Nightwish, ça pourrait le faire aussi. Je ne sais pas. Tu sais, c’est marrant, maintenant que tu m’y fais penser, il va falloir que je me fasse une liste [rires].
Dernière question : J’ai entendu dire que les parents de tous les membres de Halestorm étaient impliqués dans le management du groupe. Est-ce que c’est toujours le cas ?
En fait c’est mes parents. Ma mère, pendant quinze ans, était notre tour-manager. Elle venait avec nous en tournée et faisait ce qu’elle pouvait pour le groupe. Elle a récemment pris sa retraite des tournées. Mon père également. Il nous conduisait quand on avait un planning chargé. Cette année, ils ont tous les deux pris leur retraite. Ça me rend un peu triste mais c’est aussi une bonne chose parce qu’ils nous ont permis de voler de nos propres ailes et de faire les choses à notre façon, vraiment, ils nous ont permis de faire ce qu’on aime. Lorsque mon frère et moi avons commencé ce groupe, on l’a baptisé Halestorm, j’avais 13 ans et lui 10. Mes parents étaient vraiment encourageants, même à l’époque, ils disaient : « Tu sais quoi ? Il faut te lancer ! Si tu n’essaies pas maintenant, tu vas le regretter plus tard ! » donc je leur suis vraiment reconnaissante qu’ils nous aient laissé commencer ce groupe et qu’ils nous aient toujours autant soutenu. Ce qu’il y a de génial avec les autres membres du groupe, Josh [Smith] le bassiste et Joe [Hottinger] le guitariste, c’est que leurs parents sont aussi formidables. Ils nous soutiennent, viennent toujours aux concerts. Personne n’appelle personne pour dire : « Tu devrais aller chez le coiffeur et trouver un vrai travail ! » Personne ne dit ça pour l’instant, donc c’est bien.
Interview réalisée en mai 2012 par téléphone
Retranscription et traduction : Stan
Site Internet de Halestorm : www.halestormrocks.com
Album : The Strange Case Of…, disponible dans les bacs