Le glam de Kissin' Dynamite va vous mettre en pétardKissin' Dynamite fait du glam. Le look des 5 musiciens ne laisse aucun doute sur la question, et leurs copines doivent souvent se demander qui a vidé la bombe de laque et fini le Rimmel ! La nouveauté, c'est qu'ils ne viennent pas de Scandinavie ou des Etats-Unis, mais d'Allemagne, pays nous ayant habitué à des looks musicaux plus virils. Et s'ils constituent ainsi une exception, leur originalité ne s'arrête pas là. Car leur troisième effort discographique, "Money, Sex & Power" (sorti chez AFM), est carrément excellent !
A part les fans hardcore du genre, pas grand monde n'avait entendu parler d'eux avant une prestation en première partie de leurs collègues français de BlackRain, en décembre dernier à Paris, un show s'étant attiré de nombreux échos favorables. Et à l'écoute, on comprend que, s'ils font preuve de la même maestria sur scène que sur disque, ces glammers iront peut-être loin.
En fait, c'est clair, aucun morceau n'est à jeter, dans cet album rythmé qui va droit au but, 10 chansons en moins de 40 minutes, sans coup de mou. Ca commence avec l'efficace "Money sex power" et sa belle qui déclame "bunga bunga" au début et à la fin, un morceau qui a une histoire que le chanteur, Hannes Braun, et l'un de ses deux guitaristes, Jim Müller, nous ont racontée dans l'interview ci-dessous. Bon riff, bon refrain, et premières intonations vocales à la Axl Rose, une influence revendiquée et qui se répète un peu trop souvent quand même dans le disque.
"I will be king" (lien vers le clip au bout de ce post), "Operation supernova", et "Sex is war" se laissent écouter sans problèmes, avant l'ironique "Club 27", une chanson très bien foutue qui parle de tous ceux qui nous ont quitté à cet âge mythique, de Jimi Hendrix à Amy Winehouse, en passant par Jim Morrison ou Janis Joplin.Un club dans lequel n'est pour l'instant entré aucun des musiciens du groupe, dont le plus âgé n'a que 22 ans. Ce qui laisse d'ailleurs rêveur, les gaillards ont pondu leur premier album alors que leur vocaliste n'avait même pas 17 ans !
Même humour du côté de "Dinosaurs are still alive". Le rapide "She's a killer" maintient la pression, et "Sleaze deluxe" fournit encore un refrain facile à retenir et scander sur scène. "Ego shooter" poursuit sur la lancée, avant une conclusion originale, "Six feet under", un morceau plus calme, un peu ambiance club, le genre de truc où on imagine "Diamond" David Lee Roth dans sa période crooner.
Kissin' Dynamite sera en tournée française, en première partie de DragonForce en novembre prochain, un choc culturel qui promet de se révéler intéressant (Bordeaux le 21, Paris le 22, Strasbourg le 23, Lille le 24). En attendant, nous les avons soumis à la question lors de leur passage parisien.
- Du glam/sleaze rock qui vient d'Allemagne, c'est très rare. C'est facile de faire ce genre de rock dans votre pays ?- (Hannes Braun). C’est tout à fait vrai, nous n’avons pas de concurrents en Allemagne. La plupart des groupes viennent de Scandinavie ou des Etats-Unis. Mais c’est un avantage, nous sommes l’unique groupe en Allemagne. Je veux dire qu’il est difficile d’atteindre le succès avec ce genre de groupe en Allemagne, mais si tu peux le faire en Allemagne, alors tu peux le faire partout ailleurs. Et nous sommes pas mal connus à présent dans notre pays, et c’est pour cela que nous commençons sérieusement à aller à l’étranger, pour passer au stade supérieur, comme on dit.
- Mais est-ce que ce genre de musique est populaire chez vous, même s’il n’y a pas d’autres groupes dans le style ?- (Jim Muller) C’est en train de devenir populaire, il y a une nouvelle vague qui arrive. On s’en rend compte quand on va dans les pubs rock. Il y a de plus en plus de jeunes se baladant avec des pantalons en spandex, des T-shirts de Mötley Crüe. C'est est en train de se développer.
( Hannes) Il y a une sorte de revival actuellement . Tous les vieux groupes, Guns'n roses, Möëtley Crüe, Black Sabbath, sont les têtes d’affiches de tous les festivals d’Europe cette année, et c’est un bon révélateur de ce que je viens de dire. Si on se projette 4 à 5 ans en arrière, personne n’aurait connu Mötley Crüe, ils n’auraient pas joué dans un festival, même le matin .Or aujourd’hui, ils sont en tête d’affiche à nouveau. Et même en Allemagne les fans sont de plus en plus attirés par ce genre de groupe. Et comme Jim l’a dit, c’est le meilleur moment pour nous d’attaquer, car nous sortons notre nouveau disque «Sex, Money, & Power» pendant ce revival.
LEURS CONCURRENTS ONT DES CHEVEUX A SE FAIRE (PHOTOS : DOM)
- Malgré les influences dont vous parlez, votre nom vient d'une chanson d'AC/DC, n'est-ce pas ?- (Hannes) Oui, c’est en fait une belle histoire. Nous étions assis en train de discuter du groupe et comment trouver un nom, c'était vers 2006, et nous ne trouvions que des noms stupides sans qu’aucun ne puisse convenir. Et une fois, au milieu d'une discussion, le téléphone d'Andi, notre batteur, s'est mis à sonner, et c'était "Kissin' dynamite", de l'album "Blow Up Your Video". C'est là où on s'est dit : "Kissin' dynamite», putain, ça en jette, c'est parfait ! Ce fut un moment magique, parce que c’est dangereux, c'est explosif, ça colle parfaitement à l'image du groupe, donc nous avons su tout de suite qu’on avait trouvé le véritable nom du notre groupe.
- Racontez-moi l’histoire du groupe. Vous êtes de toute évidence très jeunes. A-t-il été facile de recruter les membres de ton groupe, ou bien êtes-vous des amis d’enfance ?- (Hannes) En fait, on dirait que c’était notre destinée, car nous avons fondé les bases du groupe en 2002, cela fait plus de 10 ans. Nous étions vraiment des gosses. Je jouais de la guitare, on s’est mis ensemble, et on a fait la pemière répétition comme ça, cela a tout de suite collé, c’était magique. En 2006, quand la composition du groupe a changé, c’était à nouveau notre destin. Il y avait deux groupes, d'un côté moi, mon frère et le bassiste, et Jim et le batteur dans l’autre. A cette époque, ils n’avaient pas de chanteur, et nous nous n’avions pas de batteur, et pas de deuxième guitariste non plus. Donc, nous avons fusionné, et c’était parfait. C’est pourquoi je te dis que c’est en sorte notre destinée. Et cela s’est passé au parfait moment. Et ensuite très vite, ça n'a pas traîné pour signer un contrat avec la première maison de disques, EMI, un label important. Nous avons eu une telle chance, en fait ! Cela a été finalement assez facile pour nous !
- Et là, c’est votre troisième album dans la foulée. A votre âge, ce n'est pas très courant ? - (Jim) Oui, nous avons eu la chance que cela se fasse si vite. On a signé avec EMI à 15 ou 16 ans ! On a eu de la chance ! Et on ne pensait à rien à cette époque du genre «Yeah, 2 disques , c’est cool !». On était juste tellement contents. Maintenant, on pense plus car pour le premier disque, c’était juste pour nous trouver nous-mêmes, et choisir ce que nous voulions faire. Maintenant, on réfléchit plus, depuis à peu près un an : qu’est-ce que représente Kissin' Dynamite, pourquoi sommes-nous envoyés ici, où voulons-nous aller ? Alors, on a pensé : ok, pourquoi ne ferions-nous pas sleaze metal à présent ? Donc, on a rassemblé toutes nos idées, nos influences Mötley Cüe, nos origines allemandes, Accept et Scorpions, l'influence Judas Priest, Skid Row, Guns'n Roses... Au final, je pense que nous avons créé quelque chose de nouveau.
- A propos de l’influence de Guns'n Roses, je la vois dans ta manière de chanter, Hannes ?- (Hannes) Absolument ! Mes trois chanteurs préférés sont Axl Rose, Sebastian Bach de Skid Row, et vraiment au top, Steven Tyler d’Aerosmith, car il a une voix extraordinaire et c’est un chanteur hors pair quand on s’intéresse à la technique et il a du charme, vraiment il a tout ce qu’il faut. Axl Rose aussi. Ils influencent tous énormément ma façon de chanter, je les écoute toujours aujourd'hui, ce sont mes héros !
- La première chose que j’ai remarqué quand j’ai mis votre disque dans mon lecteur CD, c'est sa durée : moins de 40 minutes ! Un bonne idée selon moi, mais était-ce intentionnel ?- (Hannes) Je ne connais pas les prix en France, mais en Allemagne, un CD de 10 morceaux, le moins cher coûte presque 9 €, c’est donc très abordable pour tout le monde, même une écolière. Nous avons aussi une édition limitée avec une chanson supplémentaire, donc 11 morceaux, pour un prix d'un peu plus de 14€. Mais en fait, c’était notre décision de ne pas le faire trop long, car il vaut mieux avoir moins de morceaux mais qui décoiffent et sont parfaits tout du long, plutôt que d’avoir un long album avec 16 chansons qui t’ennuient à chaque fois que tu les écoutes. Moins il y en a, meilleur c’est : ça se résume à ça.
- Comme les vieux Mötley Crüe qui durent moins de 40 minutes !- (Hannes) Oui, et d’abord, qui a dit qu’un album devait faire une heure ?
- Qui a eu l’idée d’avoir une fille qui prononce le fameux "bunga bunga" dans la première chanson de "Money, Sex & Power" ?- (Hannes ) Il nous fallait un côté blonde, mais pas trop salope. On avait besoin d’une blonde aux gros seins. On était là en train d’attendre, à l’extérieur du studio...
(Jim lui coupe la parole) Et tu dois dire aussi que le studio était très bien situé, beaucoup de filles passaient par là, tu vois le genre ! On attendait juste le moment opportun. On l’a abordé en disant : «Tu veux chanter quelque chose dans un vrai studio ? " (D'une voix aigue) "Oh yeah, je le veux !" .
(Hannes) «Tu veux devenir une professionnelle ?» Et donc, une blonde stupide, euh, comment dire...
- Bimbo ?- (Hannes) Non , c’était une jolie fille que nous recherchions, et nous lui avons promis la lune, bien sûr : «Tu vas devenir une immense chanteuse, une professionnelle. Cet album sera diffusé dans le monde entier, et tu auras la chance de démarrer ta carrière». Elle buvait littéralement nos paroles "waouh, merci, merci, je viendrai au studio chanter le morceau bunga bunga». Nous, on s’est dit : ""Yeah, c’est dans la poche !
- Maintenant, les gens vont s'attendre à voir débarquer une pulpeuse jeune femme sur scène ?- (Jim) Oui, probablement, on devrait peut-être changer et avoir une fille avec nous…
(Hannes) Je ne pense pas, c’est un moment fort, et je pense que les gens vont chanter cela sur scène. Moi, je tends le micro vers le public, car j’adore quand il chante avec moi, et je suis sûr que «bunga bunga» est crié par chaque personne dans le public qui connaît cette chanson. Donc, plus besoin de cette fille maintenant !
- La chanson «Club 27» est aussi très intéressante. Pourtant, aucun d’entre vous n'approche des 27 ans ?- (Hannes) Oui, on se marre toujours en parlant de ça. On se dit, merde, il ne me reste que 8 ans, faut profiter, vite ! Sérieusement, c’est une blague. Nous ne voulons pas mourir à 27 ans, et cette chanson a été écrite avant la mort d’Amy Whinehouse. Certains pensent que nous l’avons écrite à cause d’elle, mais il n’en est rien. En fait, nous avons voulu rendre hommage aux légendes du rock, comme Jimi Hendrix et Jim Morrison, qui nous ont également influencés. Mais il faut le comprendre de manière ironique, car ce n’est pas une chanson si sérieuse.
- Je pensais que c’était une chanson au message plus profond que les autres, qui parlent plus de la fête ?- (Hannes) Non, je ne dirais pas cela. Nous utilisons souvent l’ironie dans nos paroles, mais nous considérons la musique avec beaucoup de sérieux. Ne te méprends pas, nous ne sommes pas comme Steel Panther qui joue uniquement sur le côté humoristique. Nous...aide-moi Jim ! On ne se prend pas autant au sérieux. Nous sommes toujours prêts pour une blague. Et notre batteur, Andi, écrit les paroles, car il a ce côté poète parfait pour cela.
- Ah bon, c’est votre batteur qui écrit ! Encore une exception !- (Hannes) Oui, j’ai moi aussi écrit quelques chansons pour l’album précédent, mais elles n’étaient pas aussi bonnes que celles d’Andi.
- Andi écrit les paroles, mais qui compose la musique ?- (Jim) Nous écrivons tous constamment nos idées, partout où nous allons. C’est notre producteur, moi, et aussi Andi, qui composons la plupart des morceaux. Et puis on met tout cela ensemble, et on prend la meilleure idée pour finaliser la chanson. Ensuite, Andi s’approprie la mélodie, et écrit les paroles. On n’a pas changé de façon de faire.
(Hannes) On crée le riff et le refrain et, après avoir enregistré cela, on commence à faire les arrangements pour le morceau et mettre de plus en plus de choses, et les paroles viennent en dernier. Car si tu commences par elles, tu es limité pour trouver le rythme et on ne veut pas cela, on veut rester libres.
-Est-ce que cela signifie que, lorsque vous arrivez au studio, tout est déjà prêt et que vous ne changez plus rien ?(Hannes) On va au studio avec juste des idées, mais pas de réelles chansons déjà finalisées. On enregistre les morceaux, ensuite on les écoute et après quelques jours, on prend les meilleures idées et on les développe. Mais cela peut aussi se produire que l’on efface tout après 2 semaines, car on n’arrive pas à faire mieux. On travaille aussi longtemps que nécessaire, de manière à être convaincu que ce disque est absolument super parfait.
-C’est exactement comme à l'époque où les groupes faisait des jamming sessions et trouvaient des idées ensemble. Pensez-vous que ce soit plus facile que d’arriver et d’avoir tous les morceaux prêts ? Cela laisse la place à l’improvisation et à l’idée de dernière minute...(Jim) On fait souvent comme cela. On doit trouver l’idée, on mélange les idées, et le reste est pris par le refrain. Il y a plein de développements, 5 ou 6 versions d’une chanson avant de terminer un album. On fait beaucoup d’essais, on improvise beaucoup, car notre producteur a son propre studio, donc nous n’avons pas à payer. C'est pour cela que l’on peut se permettre de travailler ainsi. C'est très cool !
-Vous avez joué à Paris en décembre dernier, désolé, je n’étais pas là. Etait-ce votre première fois en France ?- (Hannes) Oui, tout à fait, c’était la première fois à la fois en France et à Paris. Nous n’avions aucune attente particulière de ce concert, si ce n’était de vérifier comment les gens allaient régir à notre musique. Nous avions une demi-heure en première partie, et absolument personne ne nous connaissait. Pourtant, les gens nous ont ovationnés comme si nous étions la tête d’affiche ! C’était si étrange pour nous, car nous avons l'habitude de ce genre de comportement en Allemagne, mais nous ne nous attendions pas du tout à cela en France, où nous n’avions jamais mis les pieds. Et après 5 minutes sur scène, on s’est tous regardés «ouah»...On savait qu’on allait revenir en France, car peut-être pourrons nous avoir autant de succès que chez nous ? Ce n’est pas si loin, et les gens ont réagit vraiment massivement. Et voila, maintenant, on est assis dans cet hôtel à te parler. L'automne prochain, nous ferons une grande tournée en Europe en support d’un groupe très connu dont je ne peux rien dévoiler, car ce n’est pas encore sûr à 100% (Ndlr : on sait maintenant qu'il s'agit de DragonForce). Mais il y aura plusieurs concerts en France, dont un à Paris, et je suis vraiment excité à l’idée de revenir sur scène ici en France !
-Et avant cette tournée européenne, y a-t-il des festivals programmés ?(Jim) Oui. D'abord, nous faisons une tournée tête d'affiche en Allemagne. Puis durant l'été, des festivals, en Allemagne ou en Italie. Tout n'est pas encore planifié, mais il y aura plein de choses.
-Vous avez dit au début que vous représentiez le début d'une nouvelle vague. N’avez-vous pas peur de la concurrence ?(Hannes) Pas du tout. On ne voit pas cela comme de la concurrence, mais comme une force unie. Plus il ya aura de groupes créés dans ce style de rock, plus ce sera populaire, plus les gens écouteront, et plus il y aura de groupes qui bénéficieront de cela. Nous avons des amis proches dans le hair metal, comme les gars de Crashdïet, de BlackRain. Nous avons fait la fête ensemble après le concert à Paris. Nous avons passé un excellent moment, et ne les voyons pas comme des concurrents, mais plutôt comme des amis avec qui nous faisons avancer les choses ensemble.
(Jim) La concurrence, ce serait plutôt Lady Gaga qui n’a rien à voir avec notre style, en fait. On devrait lui casser la gueule, et lui dire... (suit un festival d'insultes que je résumerai habilement par la conclusion de cette tirade) Fuck you ! Shut up ! (Ndlr : Eric, je crois que pour l'interview dont tu rêves avec Lady Gaga, il faudra attendre encore un petit peu).