La Bataille de Marignan
Il y a des batailles dont on sait
qu'elles vont être gagnées par avance. Déjà rien que le nom du cinéma
"Le Marignan" laissait entrevoir cette issue heureuse et puis aussi
cette performance ENFIN visible de l'O2 en 2007. C'est non sans
impatience que je récupère le Blacky à Toufourama dans l'espoir enfin de
réunir cette "Vieille Garde" de 1973 qui a probablement beaucoup de
choses à se dire depuis le temps qu'ils se disent "oui, c'est vrai, il
faut que l'on se rencontre". Mais les "vieux", plus ça vieillit, plus
l'esprit de décision s'en trouve altéré. Le combiné de téléphone est de
plus en plus lourd à décrocher mais une fois qu'il sera décroché, il
s'en trouvera allégé.
Le Marignan présente une devanture sobre voire
même un peu désuète et nous sommes là à chercher l'affiche qui
n'apparaît pas spontanément aux côtés des autres films à tel point que
nous nous demandons si nous nous ne sommes pas trompés de cinéma. Elle
se trouve à l'intérieur à gauche en rentrant près des jolies ouvreuses.
Blacky et moi sommes les premiers arrivés. Les vrais fans, quoi....
Alors
qu'une pluie torrentielle s'abat sur les Champs Elysées (il a plu
souvent, paraît-il durant les batailles), , le gros des troupes finit
par arriver : Patrick, grand par sa stature et sa gentillesse, Renée et
son sourire éclatant, Robbie et son insatiable envie de plaisanter,
Ronan qui finalement a décidé de ne pas revêtir la tenue qu'il avait
revêtue pour le concert de Blackmore's Night en Allemagne, Ponpon sorti
tout droit des Archives de la BNF tant il a toujours des anecdotes
passionnantes à nous raconter et Michel, les cheveux au vent
, qui finalement a retrouvé son chemin après avoir longtemps erré dans les travées du Virgin Mégastore situé juste en face.
Enfin
nous rentrons tels des guerriers ayant envie d'en découdre (relisez le
titre) et dénichons une rangée parfaitement située dans la salle 5.
Après une petite vingtaine de minutes à supporter des pubs et des
bandes-annonces bien fades, les lumières du cinéma s'éteignent pour
laisser place à ce pourquoi nous sommes venus : CELEBRATION DAY DE LED
ZEPPELIN.
Allez, c'est parti avec l'intro présentant donc les
quatre compères accompagnés d'images d'archives et c'est Good Times Bad
Times et son tempo très lourd qui démarre les festivités. D'entrée de
jeu, le son du cinéma s'avèrera "dégueulasse" ("un son d''enculé", nous
dira Blacky sur le BSF). Encore une caractéristique bien française qui
tend à dire que finalement rien n'est fait chez nous pour la musique que
l'on aime. C'en est même affligeant.
Mais nous sommes habitués à cet état de fait....
Point
de "martelage de futs" ni de "combo" ou même de "pêchu". Led Zeppelin
est au dessus de tout ça même en 2007. Le concert (dont on connaît le
tracklisting par coeur) mêle à la fois des images boot (comme sur le DVD
de 2003) et des prises superbement filmées notamment des gros plans
magistralement réalisés. Plant est très en voix (eh bien oui, les
standards sont toujours aussi bien interprétés), Jones toujours aussi
discret, aligne impertubablement et remarquablement les lignes de basse
et de synthé sur No Quarter. Page, quant à lui, outre les grimaces qui
ne sont pas faites pour lui rendre service, fait correctement son job
même si sur Since I've Been Loving You, on a senti quelques petits
ratés. Jason Bonham dont on a dit beaucoup de choses comme "il n'est que
l'ombre que son père", nous gratifie d'une performance bluffante notamment sur Nobody's Fault But Mine et ses terribles
contre-temps et Kashmir dont la version restera véritablement dans les
annales tant elle est superbe, magistrale, magnifique et émouvante (les
qualificatifs ne sont pas suffisants mais ils sont bel et bien présents
dans mon esprit). Et que dire de Stairway To Heaven dont la version est
belle à pleurer (je me surprends à me retrouver avec les yeux un peu
humides, je ne l'ai pas dit après coup pour ne pas avoir la honte mais
c'était bien présent) ? In My Time Of Dying (au fait, c'est volontaire
de ma part de ne pas respecter l'ordre des titres car là, je fonctionne
"au coup de coeur") montre à quel point le groupe a encore des choses à
dire sur le plan interprétation .
Et puis, qu'il est aussi émouvant
de constater à quel point les 3 vieux et le p'tit jeunot sont heureux
d'être ensemble. Les sourires n'ont de cesse de fuser. De toute
évidence, tout ceci laisse beaucoup de regrets (n'est-ce pas, Monsieur
Plant ?) et à l'issue de la projection devant un Marignan déjà conquis
pour laquelle nous n'avons pas vu le temps passer, nous nous rassurons
comme nous pouvons en nous convainquant qu'il s'agit du plus beau des
testaments pour le plus grand des groupes. Là où certains sont des
princes, le Zep est le Roi et un Grand Roi, ça impose sa suprématie et
ce, pour des décennies encore. Merci à vous, Robert, Jimmy, John Paul, Jason et
bien évidemment John qui a dû être fier de son bambin.