C H R O N I Q U EPosons d'emblée la question qui brûle les lèvres de certains : avec
Avalon,
Timo Tolkki (jadis grandement responsable du succès de
Stratovarius)
va-t-il enfin se sortir du marasme musical dans lequel il patauge
depuis maintenant une dizaine d'années ? On ne s'étendra pas sur le
désastre que fut l'album
Stratovarius en 2005, ni sur la déception causée par
Revolution Renaissance ou sur la platitude et l'échec de
Symfonia, mais on reconnaîtra simplement que Mr.
Tolkki a bien du mal à remonter la pente terriblement savonneuse qui mène à la
gloire. Un tel enchaînement d'échecs en aurait découragé plus d'un,
mais
Timo revient avec un "nouveau" concept (les
guillemets vecteurs d'ironie sont là pour rappeler qu'un autre opéra
metal au nom assez proche et comptant parmi ses acteurs quelques
chanteurs également présents sur
The Land Of New Hope sévit
depuis un bon moment) et ne s'avoue pas vaincu. Tant mieux et, à vrai
dire, au moment de me plonger dans l'écoute de cette nouvelle oeuvre qui
a des allures de disque de la dernière chance, je souhaite qu'elle soit
réussie, ne serait-ce que pour contrecarrer le sort qui plombe la
carrière du guitariste finlandais depuis un moment. Hélas, si le premier
volet de ce metal opera a de bons moments et permet à
Timo Tolkki de relever un peu la tête, je reste moyennement convaincu et demeure
sceptique quant à la capacité du guitariste à composer un vrai grand
disque.
Le label, qui fait son boulot consciencieusement, nous annonce un
opus grandiose, épique, plein d'orchestrations fulgurantes et d'invités
prestigieux. Il nous dit que
Tolkki est en forme
olympique, que sa créativité est de retour... Il parle même de
crédibilité artistique retrouvée. Waouh ! Si tout cela était vrai, ce
serait encore mieux. Cependant, tout n'est pas faux. On ne reviendra pas
sur le caractère prestigieux des invités par exemple. Réunir des
vocalistes tels que
Russell Allen,
Rob Rock,
Elize Ryd,
Sharon Den Adel,
Tony Kakko ou
Michael Kiske, c'est la classe. Et puis, il y a aussi des claviéristes comme
Jens Johansson,
Derek Sherinian ou
Mikko Härkin, sans parler du batteur
Alex Holzwarth.
Niveau line-up, reconnaissons qu'on peut faire bien pire. Pas de souci à
se faire en ce qui concerne le son. La production est à la hauteur
d'une telle entreprise. Mais comme vous ne perdez pas le nord, vous vous
doutez bien que le débat va porter sur quelque chose de bien plus
essentiel : la qualité des chansons.
N'allez pas imaginer que
The Land Of New Hope ne contient
pas de bonnes compos. Certains morceaux sont très agréables et
l'ensemble passe assez bien. Il est juste dommage que
Timo Tolkki n'arrive pas à surprendre ou à émerveiller davantage. Et si quelques
chansons sont plaisantes et efficaces, d'autres se révèlent bien
décevantes et oubliables. Ainsi, l'aventure démarre bien avec un
Avalanche Anthem enlevé et épique.
Russell Allen et
Rob Rock font
bonne figure et notons au passage que si le refrain ne paraît pas des
plus évidents à la première écoute, c'est parce qu'il a l'audace de
sortir un peu des sentiers battus, chose pas si commune dans l'univers
du power metal mélodique. On retrouve
Russell et
Rob accompagnés d'
Elize Ryd sur
le titre suivant, le plus classique et rock (sur les couplets, car le
refrain souligné par la double grosse caisse sonne plus power metal)
A World Without Us.
C'est sympa mais pas décoiffant non plus. Avec le label "Metal Opera"
et les invités présents, j'en attends plus. Honorable tout de même. En
revanche, le single
Enshrined In My Memory va trop loin dans l'édulcoration du propos. C'est mou, banal, plat et répétitif.
Elize chante bien, le refrain est catchy mais tout cela semble taillé pour
l'Eurovision. Un mot résume bien la situation : inégal. Des chansons
réussies comme
In The Name Of The Rose, une compo entre ballade et heavy possédant un beau refrain, et sur laquelle
Sharon Den Adel, qui donne la réplique à
Russell et
Rob (encore eux !), chante divinement bien, sont alternées avec des titres en pilote automatique comme
We Will Find A Way ou
The Magic Of The Night,
beaux exemples de power typique et linéaire, aux riffs simplets (ou
inexistants), archi-rabâché, et donc trop prévisible. Quant à la chanson
titre qui clôt l'album, elle se veut assez grandiose avec ses
orchestrations et un
Michael Kiske impressionnant, mais
elle ne décolle pas totalement. La faute à un riff assez banal et à une
mélodie un peu répétitive. Elle contient de beaux passages mais dans le
genre "chanson épique approchant les dix minutes",
Timo s'est déjà montré plus inspiré.
Au final,
The Land Of New Hope n'est pas une catastrophe,
loin de là. Quelques mélodies flattent l'oreille, une poignée de
morceaux se distingue et procure un certain plaisir... et quelques
autres sont sauvés par de belles performances vocales, même si certaines
prestations déçoivent légèrement. Je pense à
Tony Kakko qui passe quasiment inaperçu sur
We Will Find A Way ou à
Rob Rock qui s'égosille un peu trop sur le refrain de
The Magic Of The Night (d'ailleurs, si vous aimez
Rob Rock,
sachez qu'il est particulièrement à l'honneur sur cet opus, il a même
droit à deux chansons rien que pour lui). Le souci est qu'une bonne
partie du disque passe sans vraiment marquer les espritset, malgré quelques (rares) bonnes idées,
Timo Tolkki peine
à surprendre tant il est vite rattrapé par des tics de composition qui
ne m'émeuvent plus depuis un bon moment. L'auditeur que je suis n'a
finalement pas grand chose de neuf ou de bien excitant à se mettre sous
la dent. Et au petit jeu (pas forcément souhaitable mais néanmoins
inévitable) des comparaisons,
Avantasia,
qui n'est pourtant pas exempt de défauts, s'en sort mieux, fait preuve
de plus de panache et se révèle plus efficace sur un plan mélodique.
Alors si
Avalon marque un nouveau départ pour le
guitariste et ne s'apparente pas à un ratage, il n'est pas non plus, à
mon sens, le grand retour annoncé (ou espéré).
Tracklist de The Land Of New Hope :01. Avalanche Anthem
02. A World Without Us
03. Enshrined In My Memory
04. In The Name Of The Rose
05. We Will Find A Way
06. Shine
07. The Magic Of The Night
08. To The Edge Of The Earth
09. I Will Sing You Home
10. The Land Of New Hopesouce , AUX PORTES DU METAL