THIN LIZZY : Paris , Bataclan , 26/1/11
Thin Lizzy et moi , c'est un peu comme un vieux couple : nous sommes inséparables. Depuis plus de 30 ans , j'écoute leurs albums avec toujours autant de plaisir et d'émotion.
Et donc , sans aucun album (chose que pour ma part , je ne souhaite pas) à leur actif , le groupe revenait sur la France et ce , après leur passage-éclair au Festival Confluences à Montereau le 9 juin 2007. Le retour de Brian Downey aux futs au sein du groupe me ravissait au plus haut point car j'ai toujours pensé que contrairement à certains batteurs bourrins à la Alridge , il possédait cette subtilité qui fait défaut à bon nombre de batteurs aujourd'hui.
C'est donc vers 15h que je décide de prendre la route , oui je sais , c'est tôt mais déjà dès le matin, la circulation merdait et ce , en partie due à deux poids lourds qui s'étaient vautrés en plein milieu de l'autoroute A4 provoquant sur tout le réseau alentour une merde monstre.
Par conséquent , je décidai de prendre suffisamment d'avance pour aller dans un premier temps , chercher l'ami Blacky (au sortir d'une sieste manifestement pas si réparatrice que ça) puis dans un second temps , pour arriver relativement tôt de façon à sonder l'atmosphère des premiers badauds qui arrivent au compte-goutte. La Punto a fait entre-temps effectué un U-Turn magistral pour choper une place de parking GRATUITE et ce , sous le contrôle de Blacky qui prit très au sérieux son rôle de régulateur de la circulation : "Eh , connard , barre-toi , cette place est pour nous !!!!"
C'est donc dans une ambiance très "sereine" que nous prenons le chemin du Bataclan. La devanture très minimaliste laisse apparaître tout de même le nom du groupe sur un panneau lumineux accompagné de celui de la première partie Suoersuckers ("Les Supersuceurs": tout un programme). Comme d'habitude , compte de ce naturel qui me pousse à discuter du groupe avec des fans qui , comme moi , les écoutent depuis très longtemps. A ce propos , je fais la connaissance de Mark qui les a vus 36 fois (en Angleterre , bien sûr) principalement à Birmingham ou à Wolverhampton et ce depuis très exactement le 18 septembre 1979 où il les vit en compagnie de Midge Ure (aussi membre d'Ultravox).
Le Phil se dirige direct vers le côté droit de la scène , Blacky préférant lui monter au balcon. Les Supersuckers entrent en scène et délivrent leur punk -rock râgeur qui , je le reconnais , me gonfle assez vite mais bon Thin Lizzy n'a jamais été très loin du milieu punk puisqu'il faut se rappeler l'épisode Greedies ( groupe de Downey , Lynott , Gorham , Steve Jones et Paul Cook )en 1978. Il existe d'ailleurs des prestations télé très sympas.
Au bout de 3/4 d'heure , les Supersuckers plient ENFIN bagage (désolé pour les admirateurs mais je me suis fait chier comme un rat mort sur cette première partie) . Mais là , les choses sérieuses vont véritablement commencer. Les lumières s'éteignent et c'est Are You Ready qui déboule à un train d'enfer , le son est puissant et la voix de Warwick se veut être dans le ton du grand Phil. En revanche , l'on n'entend pas bien Campbell , celui-ci étant supplanté par la basse de Mendoza qui , sans temps mort , entame Waiting For An Alibi dans une version à réveiller un moine en méditation transcendentale. Scott nous tape dans les mains , Downey malheureusement masqué par sa foutue cymbale de gauche , n'apparaît que très épisodiquement et Wharton ne cesse de sourire et d'exhorter le public. Qui dit Waiting For An Alibi dit forcément Jailbreak juste derrière. La sirène de police retentit tandis que l'immense logo THIN LIZZY clignote de couleurs différentes. Une version vraiment décapante de Jailbreak. La voix de Warwick est bien en place mais il manque tout de même un grand quelque chose , un je ne sais quoi qui fait d'une personne qu'elle a de l'aura. Il assure , cependant sa fonction efficacement. Trois toms basses sont disposées sur le devant dans la scène. Nul doute que c'est Do Anything You Want To extrait de Black Rose qui va être revisité suivi comme sur la tournée 79 de Don't Believe A Word interprété dans une version très dépouillée.
L'éclectisme s'est avéré être un souci permanent chez Lizzy. En effet , Dancing In the Moonlight , à tonalité jazzy, remporte toujours un franc succès , à ceci près qu'hier soir , il ne pouvait pas y avoir le solo de saxo du regretté John Earle de la Grand Parade. Franc succès garanti lorsque comme dans la plupart des concerts de Lizzy , il est enchainé à Massacre qui constitue l'un de mes cinq morceaux préférés du groupe. Quelle version , mes amis , même si le chant de Warwick est un peu léger sur ce titre !!!!!!!!!
Les lumières s'éteignent donnant une atmosphère apocalytique à la scène grâce aussi à l'intro inquiétante à souhait de notre ami Darren Wharton annoncent la venue d'un Angel Of Death qui se révèlera superbe. Warwick ira même jusqu'à reprendre le gimmick de Lynott sur la partie parlée. Lui montrant le programme du Renegade Tour '81 , Gorham me jettera un petit regard malicieux. La déception concernera le titre suivant à savoir Still In Love With You interprété par Wharton mais qui , lors de ce concert parisien , sentit qu'il n'était pas très en voix pour l'interpréter. Etonnant quand on sait que Wharton le reprit fort bien sur l'un de ses albums avec Dare , en l'occurrence sur Calm Before The Storm paru en 1998. Warwick prit le relais avec brio.
Premier succès d'estime de Lizzy , Whiskey In The Jar se devait d'être interprété. D'ailleurs , à ce propos , sur la fin de tournée 79 avec Midge Ure , Dave Flett et Scott Gorham aux guitares , Lynott ne cessait de chambrer les deux derniers cités en s'écriant : " Dave can't play it , Scott can't play it but Midge can play it". Ce titre symbolisant l'Irlande dans toute sa grandeur éthylique est interprété dans une version étirée , le public répétant d'un seul homme le fameux "Whack For My Daddy ohhhh". Le titre suivant Emerald , issu de Jailbreak , est un hommage vibrant à cette "celtitude" chère à Lynott et qui transparaitra encore davantage sur le titre Black Rose sur l'album du même nom en 1979. J'adore ce titre et force est d'avouer que le solo qui tue d'un Robertson manque quelque peu mais Campbell s'en tire bien. A noter que je ne suis pas particulièrement méchant avec les "pièces rapportées" du groupe car autant le dire , Campbell , Warwick (pour lequel j'étais véritablement sceptique) et Mendoza (dont le son de basse me gênera tout au long du concert) font ce qu'il y a à faire. Mark ne veut d'ailleurs pas que je les acclame.
La surprise de ce concert viendra sans doute de l'interprétation de Wild One extrait de Fighting. A ma connaissance depuis la tournée 75 captée par l'excellent live UK Tour '75 , il n'a été plus interprété live. Après un bref solo de Gorham , le riff dévastateur de Sha La La assomme la salle. Brian Downey s'illustre sur son solo de batterie bien percutant , analogue à celui qui figure sur Live And Dangerous. Dommage qu'il n'y ait pas eu les gyrophares au dessus de son kit. Seul le logo THIN LIZZY clignotait de mille feux. Pour son solo de batterie subsistaient deux options : soit il le faisait après Sha La La soit après Bad Reputation.
Allez hop , c'est au tour de Cowboy Song dont on sait pertinemment que ça débouchera immanquablement sur The Boys Are Back In Town , l'hymne imparable souvent utilisé dans des films guerriers. Je l'ai entendu dans US Navy Seals avec Charlie Sheen et plus récemment dans The Expendables , le tout dernier récent film de Sylvester Stallone. La version est bonne , excellente même , bluffé que je suis sur ce titre , par notre ami Warwick. On enchaine sur Rosalie , une cover de Bob Seger , il convient de le préciser, qui a permis en son temps de faire connaître le combo, même si l'on sait que le groupe bénéficiera d'un certain statut grâce bien évidemment à l'album suivant Jailbreak d'où sera issu The Boys Are Back In Town. Juste derrière le kit de Downey , on aperçoit Nicko McBrain , en train de faire le zouave. Agréable surprise mais bon , on aurait aimé une p'tite jam sur un titre de Lizzy. Sachant qu'Iron Maiden sur un B side a déjà repris du Lizzy , en l'occurrence Massacre , on aurait pu espérer quelque chose de ce côté-là. La présence de McBrain était due au fait que le groupe était en pleine répétition pour la tournée en cours dans des studios situés à Bondy.
Le groupe sort de scène pour revenir quasiment juste après pour attaquer Bad Reputation. D'ailleurs de cet album , j'aimerais bien qu'ils nous ressortent un p'tit Opium Trail mitonné aux p'tits oignons.
Black Rose conclut ce magnifique set. Quand on sait que ce titre évoque la légende du preux Cuchulainn qui , il faut le savoir , fut un héros qui s'illustra dans de nombreuses batailles. Ainsi , il fut omniprésent dans l'esprit et certains titres de Lynott. Des héros éphémères comme Jimi Hendrix ou même Jimi Morrisson ont toujours été fondamentaux dans la définition même du mot. Lynott était conscient du fait qu'il ne mourrait pas vieux. Et d'ailleurs , ce bon vieux Jim Fitzpatrick , dessinateur de certains albums de Lizzy , le confirma dans une émission consacrée en son temps à Lizzy , programmée sur Canal Jimmy.
Are You Ready
Waiting For An Alibi
Jailbreak
Do Anything You Want To
Don't Believe A Word
Dancing In The Moonlight
Massacre
Angel Of Death
Still In Love With You
Whiskey In The Jar
Emerald
Wild One
Sha La La
Cowboy Sog
The Boys Are Back In Town
Rosalie
Bad Reputation
Black Rose
L'idée de ressortir dans le froid ne me réjouissait guère plus que cela et donc en compagnie de Blacky , Ponpon , Mark , nous décidons donc de faire le pied de grue A L'INTERIEUR pour essayer de "choper" les musiciens. Blacky et Ponpon s'éclipsent quelques minutes pour aller prendre quelques tofs avec l'ami McBrain qui vient de sortir. Après une heure d'attente , le sieur Wharton se présente , le sourire radieux aux lèvres et se propose donc de se livrer aux dédicaces de rigueur de tickets , cds et MES VINYLS (albums et maxis) qui l'effraient quelque peu. Blacky mitraille seulement au figuré.
Je me permets de demander à Darren si la rumeur d'un nouvel album est fondée , rumeur qu'il va me démentir au plus vite , conscient du fait que Thin Lizzy ne veut plus rien produire de nouveau sous ce nom-là. Une bonne demi-heure plus tard , Wharton se retire. Nous rentrons de nouveau dans la salle , espérant malgré tout , voir surgir Gorham et Downey et ce , pendant une bonne vingtaine de minutes à la suite de quoi , le personnel du Bataclan nous demande gentiment de bien vouloir sortir au plus vite. Attendant cette fois-ci dans le froid encore une bonne demi-heure voire peut-être plus , nous décidons de lever le camp car s'élève dans la nuit le fameux "Ils sont partis" qui tue. Putain, ça faisait plus de 30 ans que j'attendais ça et merde point de Scott Gorham , point de Brian Downey mais bon , nous aurons eu le privilège de voir le sieur Wharton et sa gentillesse légendaire.